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BARCELONE LA « NOUVELLE POLITIQUE » ET LA GRÈVE DES TRANSPORTS
Corsino Vela, Barcelone, le 3 avril 2016

« Pour faire réfléchir ceux qui préconisent des stratégies de changement social basées sur des changements au sein du système de représentation »

BARCELONE LA « NOUVELLE POLITIQUE » ET LA GRÈVE DES TRANSPORTS

Comme les années précédentes, à l’occasion de la réunion du Mobile World Congress, quelques syndicats (CGT, CNT, COS, USOC, etc.) des transports métropolitains de Barcelone, ont appelé en 2016 à des journées de grève pour la négociation de la convention. Les syndicats dits majoritaires (CCOO et UGT), qui sont quasiment des syndicats d’État, se sont démarqués, comme d’habitude, de cet appel.
La grève se répète chaque année parce que les circonstances de la tenue du Mobile World Congress (MWC) donnent un relatif avantage aux travailleurs quant à leur capacité à faire pression sur les administrations, et en particulier sur l’entreprise qui gère les transports métropolitains. Le MWC, qui a eu lieu du 22 au 25 février, est le rendez-vous mondial le plus important des entreprises qui fabriquent de la téléphonie mobile et des applications. D’après les prévisions du lobby touristique de l’hôtellerie et du commerce barcelonais, quelque 75000 congressistes étaient attendus, qui allaient laisser plus de 356 millions d’euros et créer 7200 postes de travail temporaires. Pour garantir la sécurité des congressistes, on allait augmenter l’effectif des agents de police à 1900.
Bien entendu, les bénéficiaires de l’affaire sont les chaînes hôtelières, agences de voyage, boutiques de luxe, etc. liées en bonne partie à des capitaux internationaux, ainsi que le business florissant de la prostitution et du trafic de drogues. Dans l’ensemble, toutes ces activités jouent un rôle toujours plus important dans la sphère économique de la ville, dont la justification renvoie indéfectiblement à la formule magique de la création d’emplois. Des emplois précarisés à un point incroyable où l’on voit de plus en plus comment le système de contrat de disponibilité totale envers le patron ne garantit pas un minimum d’heures de travail, et exige la disponibilité immédiate du travailleur. Par ailleurs, la ville de Barcelone étant spécialisée dans le tourisme de masse, en plus d’être une destination de croisières méditerranéennes et de grands événements (foires internationales et festivals de musique, etc.), le secteur des transports et de la mobilité est devenu le point névralgique de la ville-business. Les autorités administratives sont particulièrement sensibles à tout incident pouvant affecter le tourisme et, tout particulièrement, la mobilité. Il y a trois ans, la simple menace d’une grève des chauffeurs de taxis pouvant paralyser la voie d’accès à l’aéroport, a suffi pour que la mairie retire un projet qui lésait le secteur des taxis. Quoi qu’il en soit, seul celui des transports métropolitains semble profiter de l’occasion du MWC pour essayer de satisfaire ses revendications.
Le motif du conflit était la négociation de la convention avec, en toile de fond, la mise en question de la gestion et de la fonction qu’exerce l’entreprise municipale Transports Metropolitans de Barcelona (TMB) en tant que « refuge doré » des politiciens professionnels qui, après avoir assumé des fonctions publiques dans l’administration municipale, trouvent des sinécures bien rémunérées dans cette entreprise. Ce n’est qu’un exemple, parmi beaucoup d’autres, de la stratégie des partis – catalans en l’occurrence JxSí [1], PSC, ICV, ERC, etc. – de paiement des services rendus, en accord avec le plan de pillage général des fonds publics dont se chargent les professionnels du système de représentation politique en Catalogne, comme dans les autres communautés autonomes.
Le gouvernement de la Generalitat a fixé des services minimaux que les syndicats ont qualifié d’abusifs, dans la lignée de la stratégie de l’administration centrale tendant à éliminer dans la pratique le droit de grève (service minimum de manière à ce qu’on ne remarque qu’à peine l’incidence de la grève, et criminalisation des piquets d’information), et à présenter le conflit de telle sorte que les travailleurs des services publics apparaissent comme des irresponsables opposés aux intérêts des citoyens, des consommateurs/usagers.

Parmi les faits que dénoncent les grévistes se trouve le manque de transparence de la gestion de TMB, qui cherche à occulter les hautes rémunérations des chargés de la direction. Entre les autobus et le métro il y a 7844 emplois, dont 598 « hors convention », c’est-à-dire une formule qui permet, d’un côté, de précariser la situation des nouveaux embauchés et, de l’autre, de maintenir l’opacité sur les salaires élevés des directeurs.
Par exemple, tant la section des autobus que celle du métro ont un conseil de direction composé d’une vingtaine de personnes qui touchent autour de 97500 euros bruts annuels, auxquels il faut ajouter des compléments de salaires pour chaque personne de plus de 12000 euros par an. Il existe en plus des directeurs de service qui touchent entre 85000 et 87000 euros par an, avec des compléments individuels de 15000 euros. C’est-à-dire que l’entreprise métropolitaine des transports TMB est constituée par une bureaucratie avec des cadres de direction bien rémunérés qui viennent de la politique. Eh bien, pour disqualifier les grévistes, la mairesse de Barcelone a déclaré que les travailleurs touchaient une moyenne de 33000 euros par an, affirmation qu’elle s’est vue obligée de démentir une fois que les syndicats ont rendu public que la moyenne de leurs revenus est de 25000 euros. Cette « indiscrétion » est généralement un recours dialectique insidieux, amplement utilisé ces dernières années devant chaque conflit, insinuant que les travailleurs ont des conditions privilégiées, c’est-à-dire en tant que personne qui a un travail et touche un salaire.
Par ailleurs, les autorités municipales ont manœuvré pour essayer de minimiser l’impact de la grève ; elles ont encouragé le rôle de « jaunes » des chauffeurs de taxis en libéralisant le service les jours de grève des transports publics, ce qui permettait aux chauffeurs de taxis de travailler pendant les journées de repos obligatoire. Cependant, certains syndicats des taxis ont dénoncé ces manœuvres. De leur côté, quelques plates-formes présentes dans différents quartiers qui luttent contre la hausse des tarifs, Stop pujades (Stop aux hausses), ont mené des actions de solidarité avec les grévistes.
Malgré tout cela, après les jours de grève coïncidant avec le MWC, le TBM continuait à ignorer les revendications des travailleurs, raison pour laquelle ils ont procédé à une nouvelle journée d’arrêt de travail (avec des services minimum également abusifs), le 2 avril.
Indépendamment de ce que sera le dénouement final du conflit, trois aspects sont à mettre en relief. Le premier concerne le changement radical qui a eu lieu dans la structure économique – et dans la vie quotidienne – de la ville de Barcelone ces dernières années, du fait que le lobby touristique hôtelier et commercial impose la satisfaction de ses intérêts dans la gestion de la vie urbaine. Le deuxième concerne la vulnérabilité du modèle barcelonais : basé sur la garantie de circulation, il offre des opportunités d’intervention et d’éventuelles alliances tactiques entre différents segments de la population salariée, les chômeurs et les exclus.
Le troisième aspect concerne la courte durée de ce que l’on présente comme la « nouvelle politique », après le virage vers les institutions de ceux qui se réclament héritiers du mouvement du 15-M Indignés [le mouvement lancé le 15 mai 2011 par les Indignés]. L’attitude de la mairesse de Barcelone lors du conflit du métro a mis en évidence la réalité de la soumission de la gestion municipale aux déterminations du capital touristique, commercial, immobilier [2]
etc. Une fois de plus, on voit comment, après les « pièges » [3] tendus à la mairesse [4], la « nouvelle politique » est devenue la même politique de toujours. Le volontarisme qui encourage l’« illusion démocratique » de la génération émergente, qui prétend rénover l’élite politique, se dissout dans la réalité de la machinerie bureaucratique (municipale, autonomiste ou étatique) au service de la classe dominante et sa logique de gestion.
Ceci devrait faire réfléchir ceux qui préconisent des stratégies de changement social basées sur des changements au sein du système de représentation.

Corsino Vela, Barcelone, le 3 avril 2016
Publié dans ÉCHANGES 155 - PRINTEMPS 2016
Traduction de l’espagnol par M. D. (légèrement revue par les Giménologues)

Les Giménologues, 8 juillet 2016.

La grève dans le métro, l’autobus et le train a continué courant juin


Version en castillan

Barcelona La “nueva política” y la huelga del transporte.

Como en años anteriores, coincidiendo con la celebración del Mobile World Congress, algunos sindicatos (CGT, CNT, COS, USOC, etc.) de los transportes metropolitanos barceloneses, convocaron jornadas de huelga por la negociación del convenio. Los sindicatos llamados mayoritarios (CCOO y UGT), como también viene siendo habitual, pues son prácticamente sindicatos de estado, se desmarcaron de la convocatoria.
La huelga se repite cada año porque la circunstancia creada por el Mobile World Congress (MWC) da una relativa ventaja a los trabajadores en cuanto a su capacidad para hacer presión sobre la administración y la empresa que gestiona el transporte metropolitano, en particular.

MWC, que se celebró del 22 al 25 de febrero, es la cita mundial más importante de las firmas fabricantes de la telefonía móvil y de sus aplicaciones. Según las previsiones del lobby turístico hotelero y comercial barcelonés, se esperaban unos 75.000 congresistas, que dejarían más de 356 M€ y crearían 7.220 puestos de trabajo temporales. Además, para garantizar la seguridad de los congresistas se reforzaría la plantilla policial hasta los1.900 policías.
Por supuesto, las beneficiarias del negocio son las cadenas hoteleras, agencias de viaje, tiendas de lujo, etc. vinculadas en buena medida a capitales internacionales, así como a los florecientes negocios relacionados con la prostitución y el tráfico de drogas. En conjunto, todas esas actividades representan un papel cada vez más importante en el ámbito económico de la ciudad cuya justificación remite indefectiblemente a la fórmula mágica de la creación de empleo. Un tipo de empleo precarizado hasta extremos increíbles, donde es cada vez más frecuente el sistema de contratación de plena disponibilidad para el patrón, que no garantiza un mínimo de horas de trabajo pero exige la disponibilidad inmediata del trabajador.
Por lo demás, la especialización de la ciudad de Barcelona en el turismo de masas, además de destino mediterráneo de cruceros y de grandes eventos (ferias internacionales y festivales musicales, etc.) ha convertido al sector del transporte y de la movilidad en la clave neurálgica de la ciudad-negocio. Las autoridades administrativas son especialmente sensibles a cualquier incidencia que afecte al turismo y, especialmente, a la movilidad. Hace tres años, la simple amenaza de una huelga de taxistas que colapsaron la vía de acceso al aeropuerto, fue suficiente para que el ayuntamiento retirara un plan que perjudicaba al sector del taxi. Como quiera que sea, solamente el sector del transporte metropolitano parece aprovechar la ocasión del MWC para intentar obtener sus reivindicaciones.

El motivo del conflicto era la negociación del convenio, con el trasfondo del cuestionamiento de la gestión y la función que cumple la empresa municipal TMB (Transports Metropolitans de Barcelona) como ‘refugio dorado’ de políticos profesionales que, después de desempeñar cargos públicos en la administración municipal, pasan a disfrutar de bien remuneradas prebendas en la empresa TMB. No es sino un ejemplo, entre otros muchos, de la estrategia de los partidos, en este caso, catalanes –JxSí*, PSC, ICV, ERC, etc.- de pagar los servicios prestados, de acuerdo con el plan de saqueo general de las arcas públicas llevado a cabo por los profesionales del sistema de representación política en Cataluña, como en el resto de comunidades autónomas.

El gobierno de la Generalitat fijó unos servicios mínimos que los sindicatos calificaron de abusivos, en línea con la estrategia de la Administración Central tendente a eliminar en la práctica el derecho de huelga (servicios mínimos de manera que apenas se note la incidencia de la huelga y criminalización de los piquetes informativos) y a presentar el conflicto de manera que los trabajadores de los servicios públicos aparezcan como unos irresponsables contrarios a los intereses de la ciudadanía, de los consumidores/usuarios.

Entre las denuncias que hacen los huelguistas está de falta de transparencia en la gestión de TMB con el fin de ocultar las elevadas remuneraciones de los cargos directivos. Entre bus y metro hay 7.844 empleos de los cuales 598 estaban fuera de convenio, es decir, una fórmula que permite, por un lado, precarizar la situación de los nuevos contratados y, por otro, mantener la opacidad sobre los elevados salarios de los directivos. Por ejemplo, tanto la sección de autobuses como la del metro, cuentan con un consejo de dirección compuesto por una veintena de personas que cobran en torno a los 97.500€ brutos anuales, a los que hay que sumar complementos salariales para cada persona de más de 12.000€ anuales. Además, existen directores de servicio que cobran entre 85.000€ y 87000€ anuales, con complementos individuales de 15.000€. Es decir, la empresa metropolitana de transportes TMB está constituida por una burocracia con cuadros directivos bien remunerados provenientes de la política. Pues bien, la alcaldesa de Barcelona, con el fin de descalificar a los huelguistas, manifestó que los trabajadores cobraban una media de 33.000€ anuales, lo que se vio obligada a desmentir, una vez que los sindicatos hicieron públicos los ingresos medios de 25.000€. Esa “indiscreción” suele ser un insidioso recurso dialéctico, ampliamente utilizado en los últimos años ante cada conflicto, que insinúa la condición privilegiada de los trabajadores, es decir, de toda aquella persona que tiene un trabajo y cobra un salario.

Por otro parte, las autoridades municipales maniobraron para intentar minimizar el impacto de la huelga, favoreciendo el papel de esquiroles de los taxistas, liberalizando el servicio los días de huelga del transporte público, lo que permitía a los taxistas trabajar durante las jornadas obligatorias de descanso. Sin embargo, algunos sindicatos del taxi denunciaron tales maniobras. Por su parte, también algunas plataformas presentes en diferentes barrios que vienen combatiendo las subidas de tarifas, Stop pujades (Stop subidas –de tarifas), llevaron a cabo acciones de solidaridad con los huelguistas.

A pesar de todo, después de los días de huelga coincidentes con el MWC, la actitud de TMB seguía sin atender a las reivindicaciones de los trabajadores, por lo que llevaron a cabo una nueva jornada de paros (con servicios mínimos igualmente abusivos) el 2 de abril.

Independientemente de cual será el desenlace final del conflicto, hay tres aspectos que llaman la atención. El primero tiene que ver con el cambio radical llevado a cabo en la estructura económica -y de la vida cotidiana- en la ciudad de Barcelona en estos últimos años, mediante la imposición de los intereses del lobby turístico hotelero y comercial sobre la gestión de la vida urbana. El segundo se refiere a la vulnerabilidad del modelo barcelonés que, basado en la garantía de movilidad, ofrece oportunidades de intervención y eventuales alianzas tácticas entre diferentes segmentos de la población asalariada y desempleados y excluidos.
El tercer aspecto apunta a la corta duración de lo que se presenta como “nueva política”, después del giro hacia las instituciones por parte de quienes se reclaman herederos del 15-M indignado. La actitud de la alcaldesa de Barcelona ante el conflicto del metro puso en evidencia la realidad de la gestión municipal sometida a las determinaciones del capital turístico, comercial, inmobiliario**, etc., y una vez más, después de las “trampas”*** tendidas a la alcaldesa, cómo la “nueva política” se convierte en la política de siempre. El voluntarismo que alienta la “ilusión democrática” de la generación emergente como renovación de la élite política se diluye contra la realidad de la maquinaria burocrática (municipal, autonómica o estatal) al servicio de la clase dominante y su lógica de gestión, lo que debería hacer reflexionar a quienes propugnan estrategias de cambio social cifradas en cambios dentro del sistema de representación.

C. V. Barcelona, 3 de abril 2016

Notas :
*JxSí (Junts pel Sí) es la nueva coalición formada por Convergència Democràtica de Catalunya y Esquerra Republicana de Catalunya que gobierna en Cataluña en sustitución de la anterior coalición CiU, una vez que Unió Democrática se ha desvinculado de la misma. Es una operación de lavado de cara, en cuanto Convergència se ha visto implicada en la ola de corrupción del sistema político catalán y español. Y muy especialmente, su figura señera y padre de la patria catalana moderna, Jordi Pujol, que junto con varios de sus hijos, tienen abiertos expedientes judiciales por delitos de fraude fiscal, tráfico de influencias y operaciones financieras ilegales.

**Barcelona vive una nueva burbuja inmobiliaria que afecta tanto a los alquileres, como a los precios de venta de viviendas, entre otras causas, por ser un centro de atracción de fondos de inversión transnacionales que compran pisos y edificios para su reconversión en hoteles, apartamentos turísticos, etc., como “refugio” en un contexto marcado por las tasas negativas de interés.

***Apenas iniciada su andadura como alcaldesa de Barcelona, Ada Colau y su equipo de gestión municipal, tuvieron que enfrentarse a problemas que el anterior alcalde, Xavier Trías (CiU), le había dejado preparados (con la policía municipal, los especuladores turísticos, sobre la moratoria sobre construcción de hoteles, y los vendedores ambulantes).