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Les Gimenologues
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Les 22 & 23 juin 2013 dans les Pyrénées
Marche « PONZAN »
Randonnée sur un sentier utilisé par les passeurs du réseau Ponzán

Marche « PONZAN » dans les Pyrénées les 22 & 23 juin 2013
Randonnée sur un sentier utilisé par les passeurs du réseau Ponzán,
à l’initiative de la CNT-Solidarité Ouvrière (CNT-SO)

Pour les détails pratiques voir :

www.cnt-so.org

Nous rappelons que Francisco Ponzán, après un bref passage au Conseil d’Aragon, fut l’un des meilleurs chefs de guérilleros-agents de renseignements sur les fronts d’Aragon et de Catalogne, et qu’un livre lui a été consacré par Antonio Téllez, traduit en français par les Editions du Coquelicot.
Voir notre article sur ce site : « L’action des guérilleros anarchistes en Aragon 1936-1937 »

À la fin de la guerre d’Espagne Ponzán constitua un réseau d’évasion avec d’autres anarchistes espagnols :
losdelasierra.info

Sur les conditions dans lesquelles se retrouvent les exilés anarchistes à la fin de la guerre d’Espagne, on peut lire l’article de Franck Mintz :
« La CNT après Franco 1939-1984 ».

En voici un extrait :
« Le premier avril 1939, Franco s’emparait du reste de l’Espagne républicaine pratiquement sans tirer de coups de feu. Dans les ports du Levant, seule une minorité de camarades put embarquer, des dizaines de milliers de personnes furent mises en camps. Des dizaines, au moins, de militants se suicidèrent pour éviter le poteau d’exécution qui les attendait. Pourtant, avec le recul et la connaissance des faits, on peut mettre en partie en doute la logique de leur décision. Le franquisme, à la différence du fascisme allemand et italien et du bolchevisme, était une force composite d’une minorité des phalangistes, d’une majorité d’officiers de droite, et de nombreux catholiques, d’où le rôle des prêtres, sans compter des troupes monarchistes légitimistes (Bourbons) et parallèles (carlistes). Certains camarades furent sauvés de la condamnation à mort parce que la famille avait amadoué un curé, ou un ami d’enfance devenu franquiste. Mais plus pratiquement, au fin fond de la tourmente, dans le camp de concentration d’Albatera, près de Valence, les camarades emprisonnés commencèrent à confectionner des faux papiers, des faux ordres de libération, sauvant ainsi des centaines de camarades.

C’est ainsi qu’en 1939 se forme le premier Comité National clandestin en Espagne, dont le secrétaire est Pallarols, et dont la tâche est de recueillir de l’argent pour corrompre des juges et sauver des camarades. Cela est possible grâce à des lingots d’argent cachés par la fédération régionale paysanne du Levant (les paysans partisans de l’autogestion). Un émissaire du Comité est alors envoyé clandestinement en France pour obtenir des fonds, et accélérer les secours. Mais en France le mouvement libertaire s’est doté (ou des notables ont imposé) d’un Conseil Général formé en février 1939 qui gère les fonds de la CNT-FAI afin d’aider les exilés anarcho-syndicalistes, et surtout leur permettre d’être évacués vers l’Amérique Latine (surtout le Mexique, mais aussi, Cuba, Saint-Domingue, le Venezuela, etc., pas le Chili, car le communiste Pablo Neruda, consul de son pays, fit barrage [en partie] à tout ce qui était anarchiste). Comme le remarque César Lorenzo dans « Les anarchistes espagnols et le pouvoir 1868-1969 » (qui reste la seule source valable en français, et qui demeure actuelle, en dépit de la nouvelle documentation publiée) le Conseil Général fut créé sans aucune consultation et se munit de pouvoir de haut en bas.
Bref, bien que les organismes et la CNT-FAI aient disposé de fortunes colossales selon Juanel (voir biblio, p.65), disons de centaines de milliers de francs, l’émissaire d’Espagne reçut 10.000 francs, sans doute mille francs d’aujourd’hui, ce qui couvrait à peine ses frais de transport en France. Le rapport transmis à Pallarols démontre que les représentants officiels de l’exil anarcho-syndicaliste étaient indifférents et impuissants vis-à-vis des camarades en Espagne. Bien entendu, il y eut en exil des militants scandalisés par cette incapacité ou ce sabotage, suivant les points de vue, du Conseil Général, comme Ponzán, qui dès septembre 1939 avaient envoyé un groupe en Espagne faire des faux papiers pour sauver les camarades et les faire passer en France. Tous les membres du groupe furent tués peu à peu. Le Comité National de Pallarols tomba également, et la plupart des membres furent exécutés. (…)

Francisco Ponzán fut l’un des militants des plus attentifs à l’Espagne et connaisseur des problèmes de la CNT. Grand organisateur aragonais, instituteur, formé par Ramón Acín (militant et professeur de Dessin à l’École Normale de Huesca, artiste surréaliste et camarade de Buñuel), spécialiste de l’espionnage en zone franquiste, il fut l’organisateur du premier groupe envoyé de France en Espagne en 1939. Il monta un réseau de passage entre la France et le Portugal en utilisant les réfugiés espagnols travaillant comme bûcherons dans les Pyrénées. Grâce à cette filière, plus de 1.500 personnes arrivèrent en Grande-Bretagne en passant par l’Espagne et le Portugal. Arrêté à Toulouse en 1943, Ponzán fut exécuté. Il sera décoré à titre posthume par les Anglais et les Américains. Le 22 février 1943, dans une de ses dernières lettres de prison et transmise clandestinement, il écrivait : “Vous ne devez pas vous permettre de prendre des accords ou des résolutions que seuls les camarades d’Espagne peuvent et doivent prendre. Limitez-vous à suivre leurs directives au lieu de leur imposer les vôtres. [...] Ne tentez pas de faire une organisation de masses en Espagne, cela conduirait tous les camarades au bagne.[...] Faites ce qui est possible pour conserver l’unité de tous. ” (Juanel p.84). C’est pratiquement le contraire que la majorité des camarades appliquèrent.
Bibliog : Molina (Juanel) El movimiento clandestino en España 1939-1949 México, 1976, 522 p. »


Les Giménologues, 8 juin 2013

On pourra trouver sur les tables de presse l’édition espagnole des Fils de la nuit et les Itinéraires de Jordi Gonzalbo.