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Troisième recension du livre de Jordi Gonzalbo
« Itinéraires Barcelone Perpignan »
Itinéraires d’un antifranquiste libertaire
de Franck Mintz
Troisième recension [1] du livre de Jordi Gonzalbo
« Itinéraires Barcelone Perpignan »

Itinéraires d’un antifranquiste libertaire
de Franck Mintz

parue dans le Monde Libertaire du 4 juillet 2013

Article du Monde Libertaire


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Nous ajoutons celle de Nestor Romero : « Chroniques d’un jeune libertaire en exil », placée sur son site le 8 février 2013 : blog/nestor-romero


Les Giménologues, 6 juillet 2013


« Ça tombe bien. Le hasard vient de me faire parvenir un livre (Itinéraires Barcelone-Perpignan de Jordi Gonzalbo, Ed. Atelier de création libertaire) qui confirme, si besoin était, les assertions de ma précédente chronique quant à la calomnie et au mensonge pratiqués « politiquement » depuis toujours par les PC (Partis communistes) qu’ils soient de France ou de Navarre.
L’exil
Ce livre, ces « Chroniques non misérabilistes d’un jeune libertaire en exil » confirment, si besoin était que le PCE, contrairement à la légende qu’il n’a jamais cessé de raconter, ne fut ni le seul ni le plus actif dans la lutte antifranquiste menée depuis l’exil après la guerre civile espagnole de 1936-1939.
Jordi est né à Barcelone en 1930. Ses parents, sa mère surtout, étaient des militants très impliqués de la CNT (Confederación Nacional del Trabajo), le syndicat le plus puissant, particulièrement en Catalogne. Il avait donc huit ans quand il passe en France avec sa mère au printemps 1938, et il en conserve un souvenir vif.
Ils laissent en Espagne le mari et père alors que se déchaîne l’ultime grande bataille, celle de l’Ebre qui se conclura par la chute de Barcelone et l’exil à travers les Pyrénées enneigées de février 1939.
Et lui, Jordi, à Perpignan, il les voit arriver ces réfugiés, et il raconte le travail harassant de la mère, le minuscule logement où malgré tout cette mère - dont le militantisme n’a jamais cessé -reçoit et cache les combattants qui retournent à « el Interior » car ils ne peuvent se résoudre à la défaite.

Travailleur et militant

Il nous raconte l’école où malgré l’ennui il parvient à décrocher le « Certif » comme on disait, et son refus de poursuivre des études car ce qu’il veut c’est travailler et militer lui aussi, c’est-à-dire vivre. Il sera donc ouvrier dans le bâtiment et il refusera les postes à responsabilité que certains patrons lui offrent, car lui, le libertaire, l’anarchiste ne veut en aucun cas être chef de qui que ce soit.
Naturellement il milite à la FIJL (Federación Ibérica de Juventudes Libertarias) au sein du « Groupe de Perpignan » spécialisé, si l’on peut dire, dans le passage « tras los montes » de militants en mission à l’Intérieur, le passage aussi de matériel de propagande et de quelques armes sans doute.
C’est cette activité clandestine qui provoquera de graves dissidences avec les « vieux » de la CNT, les « historiques » qui ont fait la guerre et la révolution en 1936 et qui, enfermés dans leur local de la rue de Belfort à Toulouse, jugent que cette agitation n’est rien d’autre que pur aventurisme.
Et Jordi nous raconte les démêlés du « Groupe » avec les militants du PCE, les faits d’armes retentissants (enlèvement de Monseigneur Ussia à Rome par un autre groupe de la FIJL pour exiger la libération de tous les prisonniers politiques détenus en Espagne) et les catastrophes (l’exécution par ordre de Franco de Francisco Granados et Joaquín Delgado le 17 août 1963).

Penser contre soi-même

Puis vient Mai 68 et quelque chose comme un refleurissement du « libertaire », d’un libertaire qui n’a plus grand-chose à voir avec l’antique anarcho-syndicalisme, avec l’antique anarchisme, cette prédication antiétatique que l’ami Tomás Ibáñez interpellera inlassablement depuis son approche foucaldienne du concept de pouvoir.
Car, en effet, notre propre émancipation, nous, enfants de miliciens de la « Columna Durruti », ne devait-elle pas commencer par le « désapprendre » de Foucault et le « penser contre soi-même » sartrien (et stoïcien), c’est-à-dire par la mise en question de nos propres déterminations familiales et historiques ?
Peut-être est-ce ainsi qu’il convient de « lire » cette insurrection des jeunes de la FIJL contre les « vieux » de la CNT, moins une révolte contre le père, la mère, la famille (la Organización ?) qu’une interpellation de soi par soi.
Et je suis sûr, lisant la belle histoire de Jordi que ces questions ne lui sont pas étrangères et qu’elles n’abolissent pas ce qui est exprimé par son écriture, j’allais dire par sa syntaxe elle-même, quelque chose de l’ordre de l’allégresse, autrement dit d’assentiment à la vie. »

Nestor Romero