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PERDIGUERA IN MEMORIAM de Constantino Escuer

PERDIGUERA IN MEMORIAM de Constantino Escuer
(suite de l’article 706)

CASTO LÓPEZ, DE L’ORPHELINAT A L’EXIL

Casto Casto pendant l’assemblée du Syndicat Agraire de Perdiguera en 1927


Le deuxième nom de famille de Casto, Exposito [1], nous emmène déjà sur la piste de son enfance dans un orphelinat, celui de Saragosse.
Il se marie avec Pascuala Puértolas, native de Farlete et s’établit à Perdiguera, où il aura cinq enfants, un garçon appelé Antonio, et quatre filles : Inès, Victoria, Rosario et Trinidad.

Rosario


Affilié a Izquierda Republicana et représentant de ce parti à Perdiguera, il est élu tout comme Hilario Murillo et Segundo Arruga, conseiller municipal de la mairie de Perdiguera après le triomphe du Frente Popular.

Trinidad


Après le coup d’État militaire qui annonce le début de la guerre civile, la situation dans le village devient très dangereuse pour les personnes de gauche. Arrestations et exécutions font qu’une nuit Casto s’enfuit du village avec son fils, qui a 19 ans à cette époque. Pascuala et ses quatre filles restent à la maison.

Antonio Lopez


Père et fils continuent leur fuite et se joignent à l’armée républicaine. Antonio ira se battre au front, et Casto en raison de son âge avancé, sera affecté au poste de gardien dans une prison de Barcelone. Pendant ce temps, Pascuala et ses filles demeurent au village, mais quelques jours après elles sont arrêtées pour être interrogées. Le destin veut que pendant leur détention un bombardement se produit et les gardiens qui les surveillaient partent se mettre à l’abri, elles profitent de cette occasion pour s’enfuir en direction de Leciñena, où étaient les lignes républicaines.

Antonio Alfranca me racontait, il y a quelques années, qu’il se souvenait parfaitement du moment où il les avait croisées sur la route, la mère au milieu et les petites accrochées à ses bras. Il s’était approché d’elles, car il était un ami intime d’Antonio, et après leur avoir souhaité bonne chance, il ajouta de transmettre également ses amitiés à son ami Antonio.

Pascuala et ses filles arrivent à Leciñena, poursuivant leur fuite vers Alcubierre, et plus tard vers Lérida, derrière les pas de Casto. Finalement elles arrivent à Barcelone où elles demeureront jusqu’à peu près la fin de la guerre.

la famille


Antonio, le fils de Casto meurt la dernière année du conflit sur le front de Valence ; Casto et le reste de la famille doivent s’enfuir de Barcelone devant l’avancée des forces franquistes, passant en France dans le dernier train qui traversa la frontière, et qui fut bombardé par l’aviation ennemie.

Une fois en France, ils sont internés dans le camp d’Argelès-Sur-Mer, où tant de réfugiés républicains ont été entassés par les autorités françaises, dans des conditions atroces qui entraîneront des centaines de morts. Les mois suivants ils sont réinstallés en dehors du camp, mais alors que tout semble aller un peu mieux, la seconde guerre mondiale commence. À un moment donné ils sont à nouveau arrêtés par les nazis et sont transférés au camp d’Angoulême, juste un jour après la sortie de ce camp du fameux « convoi des 927 », où 927 compatriotes espagnols furent transférés en train au camp de Mauthausen. La famille échappa ainsi de justesse à une mort certaine.

Je ne sais rien des événements qu’ils ont endurés dans le camp d’Angoulême, mais après la libération de la France, Victoria et Trini vivaient chacune en couple à Paris, et elles y resteront. De leur côté, les deux autres filles, Inés et Rosario partirent au Venezuela où elles fondèrent également une famille. À la mort de Pascuala survenue en France, Casto décide de partir au Venezuela auprès de ses filles, Inés et Rosario, et il finira sa vie là-bas en 1959.

Pascuala et Casto


Je veux remercier Omar de Castro, petit-fils de Casto pour une grande partie de ces informations ; il réside et travaille actuellement en Angleterre. Il m’informe aussi que ses tantes sont maintenant décédées et que sa mère Rosario âgée de 94 ans vit dans une résidence médicalisée.

Je transmets d’ici mon hommage et ma considération à Casto, un homme qui a vécu une enfance dure et qui, en raison de ses idéaux et de son sens de la justice, fut dans le collimateur des fascistes, ce qui l’obligea à être en exil permanent avec sa famille. Cette même reconnaissance va à son fils Antonio qui mourut en luttant pour la liberté, et au reste de la famille, persécutée et exilée comme lui.

Je joins une photo de Casto pendant l’assemblée du Syndicat Agraire de Perdiguera en 1927, aussi qu’une photo de Trinidad et de Rosario à l’école de Perdiguera en 1933.

De la même manière je joins quatre autres photos que m’a envoyées d’Angleterre Omar de Castro, petit fils de Casto López, et fils de Rosario López.

Constantino Escuer, Perdiguera

Traduction Les Giménologues, 16 mars 2017