Tournée bretonne des giménologues,
Les 18, 20 et 21 avril 2018
En hommage à la Commune de Notre Dame des Landes
Nous évoquerons la radicalité des luttes anticapitalistes
grèves communautaires et grèves générales, travail de fond des groupes d’affinités, et le projet communiste libertaire dans l’Espagne des 19&20è siècles
Elle commencera
Le mercredi 18 avril à 19h
À l’invitation des Ateliers d’Histoire Populaire
Les paysans et l’anarchisme dans l’Espagne de 1936
Maison d’Ernestine à Concoret 56430
Le vendredi 20 Avril à 20h
À l’invitation du Collectif Monts d’Arrée
L’évolution des mœurs et la place des femmes
Hangar associatif kadhangar à Saint Cadou 8 Streat Kergudon. Sizun 29450
Le samedi 21 avril à 19 h à Douarnenez
L’Anarchisme en Andalousie.
Le Local 5-7 rue Sébastien Velly. Douarnenez 29100
« Les anarchistes qui se veulent conséquents […] ne doivent pas oublier que les organisations économiques du prolétariat ont un caractère transitoire, et ne répondent qu’aux « nécessités » créées par le développement capitaliste. […] Nous ne croyons pas que les organisations ouvrières doivent suivre le processus de développement industriel ni copier les formes extérieures du capitalisme en cherchant dans la structure économique actuelle des éléments constitutifs de la future organisation des peuples. […] L’important est de maintenir latent l’esprit d’indépendance des prolétaires et opposer une force consciente au pouvoir asservisseur du capitalisme, en minant son formidable organisme économique pour le rendre inutilisable et sans espérer se servir de lui pendant ou après la révolution. De la même manière que nous ne devons pas viser la conquête de l’État, […] nous ne devons pas souhaiter celle du système économique du capitalisme, mais plutôt son abolition dans la vie sociale. […] Si nous devions planifier l’organisation libertaire future, nous donnerions toujours l’avantage à la commune plutôt qu’à la base industrielle. »
López Arango&Abad de Santillán, L’anarchisme dans le mouvement ouvrier, 1925
Personnellement, c’est sur le rôle des femmes que j’aimerais plus de lumière. Elles manquent au tableau de cette Andalousie anarchiste. Çà et là apparaissent de pauvres « casseuses » de grève qui acceptent de remplacer les hommes, comme le font les enfants ou les soldats, à vil prix. Faut-il en conclure que dans les milieux anarchistes andalous les femmes sont restées les éternelles « mineures » alors qu’à Madrid ou Barcelone leurs « sœurs », elles, se revendiquent « majeures » ? Une grève agricole dure et qui dure ne peut se concevoir, à mon sens, sans une synergie masculine-féminine au cœur de chaque maison, de chaque groupe. Les sources documentaires sont-elles à ce point silencieuses ?
Rose Duroux, Notes de lecture sur le livre de Jacques Maurice, El anarquismo andaluz, una vez más. http://journals.openedition.org/ccec/863, 2008.
La conscience de classe ouvrière se forge au travers des conflits avec la bourgeoisie, mais son histoire ne se limite pas à l’étude des revendications des prolétaires sur le lieu de travail. Elle tire ses origines des luttes de la communauté ouvrière. Celle-ci s’étend bien au-delà de l’atelier et comprend le quartier, les femmes au foyer, les jeunes, les personnes âgées, les chômeurs, ainsi que certains petits commerçants et domestiques. Même si leurs rapports à la production diffèrent, ces groupes s’unissent souvent pour défendre leur communauté contre les menaces liées dans leur esprit au développement du capitalisme. La riche vie associative qui naît de ces conflits crée les bases d’une tradition politique autonome. De nouvelles formes de conscience de classe ouvrière émergent des luttes menées par ces associations communautaires.
Temma Kaplan, « De l’émeute à la grève de masse : conscience de classe et communauté ouvrière en Andalousie au XIXe », 1979.
De 1808 à 1868, toutes les terres espagnoles devinrent propriété privée. La grande majorité de la population, trop pauvre, fut exclue de la propriété des terres auxquelles elle avait auparavant eu accès. Ceci fut le début d’un processus qui engendra une lutte anticapitaliste en Andalousie. La destruction de l’organisation précapitaliste des municipalités mit en lumière les différences flagrantes entre les riches et les pauvres. Au cours de ce processus de consolidation d’une nouvelle communauté, les pauvres en Andalousie commencèrent leur longue lutte contre le capitalisme.
Les gens étaient pauvres, mais la campagne riche ; aussi est-ce bien la richesse, et non pas la pauvreté, qui constitue un début d’explication de la puissance de la conscience de classe en Andalousie. Kaplan (Ibid.)
Le 4 février 1888, une grève commença dans le bassin minier du Rio Tinto (Province de Huelva en Andalousie), premier producteur mondial de cuivre de 1877 à 1891.
Peu après l’arrivée du nouveau directeur général, l’Anglais William Rich, une manifestation pacifique de 12.000 mineurs et agriculteurs, hommes femmes et enfants, protesta contre les fumées des teleras (système de calcination du minerai en plein air), et contre les conditions de travail misérables : « ¡humos no ! » « ¡viva la agricultura ! ». L’ordre fut donné aux soldats d’ouvrir le feu sur la foule, les soldats ayant ensuite achevé les blessés à coups de baïonnettes. On ne sait pas ce que sont devenus les corps, vraisemblablement ensevelis sous des décombres de la mine. Des auteurs chiffrent le total des licenciés, tués et disparus à un millier. Ces faits sanglants sont connus dans la province sous le nom d’« année de la fusillade ». Ce mouvement fut parmi les premiers dans les mines au niveau national.
Les Giménologues, 9 avril 2018