Nous reprenons la rédaction des biographies de chacun des 117 ex-combattants italiens (anarchistes ou pas) dont le nom se trouve sur la liste « Libertá o Morte » du camp d’Argelès sur Mer, dressée par la police politique italienne le 8 août 1939.
Cela s’inscrit dans le cadre de notre collaboration à la base de données sur le camp de concentration d’Argelès-sur-Mer, réalisée par Grégory TUBAN, de Perpignan : http://www.memorial-argeles.eu/fr/
https://www.memorial-argeles.eu/fr/1939/1939-2eme-periode-du-camp-avril-juin-1939/le-camp-des-brigadistes.html
Toutes les notices sont le fruit d’un travail de recherche en collaboration avec Tobia Imperato de Turin et Rolf Dupuy de Paris.
La traduction et la rédaction sont réalisées par Jackie, giménologue.
CALDERONI Mario
Mario CALDERONI est né le 16.2.1892 à Bologne. Il est maçon. Il émigre en France en 1929. C’est un communiste, signalé au Registre des Frontières comme un « ex-milicien rouge en Espagne ». Il a combattu dans la XIIème Brigade Internationale Garibaldi. En juillet 1939 il est interné dans le camp de Gurs, où il se retouve avec les Allemands, après avoir séjourné dans celui d’Argelès, où il adhéra au groupe Libertà o Morte.
Calderoni s’est probablement engagé ensuite dans la Légion étrangère, à Pau*.
On ne sait pas ce qu’il est devenu après.
* Note : Sur le site « Mémoires des hommes du Ministère des Armées », dans la base de données des engagés volontaires étrangers entre le 1er septembre 1939 et le 25 juin 1940 deux fiches concernent Calderoni qui a changé son année de naissance (1900). Dans l’une il est inscrit dans une unité de la légion étrangère du Dépôt Commun des Régiments Etrangers ; dans l’autre il est dans le 2ème régiment étranger d’infanterie (2è REI).
Ces informations ont comme source d’origine le Mémorial de la Shoah - Fonds UEVACJEA.
Sources :
Giovanni Pesce : La Spagna nel nostro cuore. 1936-1939, a cura dell’AICVAS, Milano, marzo 1996, p. 113.
http://www.antifascistispagna.it/?page_id=758&ricerca=958
https://issuu.com/cedobi/docs/1938.brigadistas-1-p048.94
Relación alfabética de extranjeros enrolados en la Brigadas Internacionales, Tomo1, volumen 2/5, p. 21.
L’intarissable Pavanin qui rédigeait des fiches des combattants des B I pour le compte du Komitern nous informe sur Calderoni en Espagne, puis dans le camp de Gurs :
"372) Calderoni Mario. Soldat, cuisinier.
Je l’ai connu personnellement dans les Brigades Internationales. Il n’a pas fait un jour sur la ligne de front. Il a toujours été cuisinier, dans la cuisine de l’état-major du bataillon sur le front et à l’arrière. C’est un élément indiscipliné, individualiste, d’un caractère pessimiste, dénigreur ; et en même temps le Calderoni est un élément qui sait se faire ami avec un compagnon responsable pour porter la calomnie contre les autres. Son comportement était suspect.
Dans la mesure où s’il se trouve avec des éléments qui ne le connaissent pas, il peut aussi devenir dangereux. (phrase biffée dans l’original).
En juillet 1939 il se trouvait dans le camp de concentration de Gurs en France et il faisait partie de la neuvième compagnie * c’est-à dire la compagnie où se trouvaient les éléments qui ont adopté une attitude hostile à l’égard du Gouvernement Républicain Espagnol.
Pavanin. 21-2-1940
Traduit par les Giménologues
* Note des Giménologues :
"Camp de Gurs | Le groupe des volontaires allemands | Gurs (64)
Un groupe divisé
L’ensemble des volontaires réunit 1200 personnes environ en mai 1939 et près d’un millier en octobre. Il est subdivisé en compagnies, échelons intermédiaires entre l’îlot et la baraque. Cette structure, directement héritée du système hiérarchique mis en place au sein des Brigades pendant la guerre civile, est spécifique aux groupes internationaux. À Gurs, cohabitent huit compagnies, au sein du même îlot.
D’une part, sept compagnies qui forment deux "sous-camps", l’un allemand (quatre compagnies), l’autre autrichien (trois compagnies), chacun d’eux dirigés par leurs propres administrations, indépendantes de celle de l’îlot. Ils rassemblent un millier d’hommes environ, tous communistes orthodoxes, qui suivent les directives du Komintern.
La 9ème compagnie des antifascistes indépendants était composée de 170 hommes environ, essentiellement allemands. Elle réunit les "internationaux" qui refusent de reconnaître la direction de leur "sous-camp" allemand. L’opposition entre les deux groupes est de nature politique : la 9ème compagnie récuse l’administration communiste des "sous-camps" et de l’îlot, critique le mode d’élection des responsables et affiche une indépendance d’esprit inacceptable aux yeux des autres.
Le groupe des 170 indépendants
La 9ème compagnie indépendante, dirigée par Waltzer Fischer (présenté par les communistes comme un agent de la Gestapo à Lübeck) est beaucoup plus hétéroclite. Sa composition sociologique n’est pas connue mais les opinions politiques y seraient les suivantes :
"CNT et FAI : environ 15 %. SPD et SPO : environ 15 %. Kommunistische Arbeiterunion : environ 6 %. SAP : environ 2 %. 10 % à peu près n’étaient pas organisés politiquement et 52 % environ appartenaient au parti communiste et à des organisations communistes non précisées."
Il s’agirait surtout de communistes marginaux qui se déclareraient explicitement partisans de la tendance Münzenberg, leader du KPD qui s’était séparé du parti en 1938, et de petits groupes anarchistes et trotskistes."
Les giménologues
1er septembre 2020.