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BONAFEDE Eugenio

Nous reprenons la rédaction des biographies de chacun des anarchistes italiens dont le nom se trouve sur la liste « Libertá o Morte » du camp d’Argelès sur Mer, dressée par la police politique italienne le 8 août 1939.
Cela s’inscrit dans le cadre de notre collaboration à la base de données sur le camp de concentration d’Argelès-sur-Mer, réalisée par Grégory TUBAN, de Perpignan : http://www.memorial-argeles.eu/fr/
Toutes les notices sont le fruit d’un travail de recherche en collaboration avec Tobia Imperato de Turin et Rolf Dupuy de Paris.
La traduction et la rédaction sont réalisées par Jackie, giménologue.

Eugenio BONAFEDE - fils de Luigi et de Carolina Trebeschi – est né le 18 juillet 1908 à Brescia. Il est considéré comme socialiste. Depuis le 7 juillet 1915 il habite à Villa Carcina, commune de Cogozzo (Brescia). Il fréquente l’école jusqu’à la 4ème élémentaire (CM2). Il travaille ensuite comme ouvrier mécanicien dans la filature de coton Bernocchi. Il ne fait pas le service militaire parce qu’il est réformé (il lui manque les cinq doigts de la main gauche, très certainement perdus dans un accident du travail).

Il est ainsi décrit dans des rapports de l’autorité préfectorale : « De bonne conduite morale et politique, sans antécédents, il n’a jamais milité dans aucun parti contre la Patrie. Avant de s’installer à l’étranger il était de tendance socialiste ». « Il est de caractère plutôt doux, jugé incapable de provoquer des désordres ». « On l’estime incapable de donner une conférence, il n’a jamais eu de charges politique ou administrative, ni collaboré à des journaux ». Par conséquent, avec de tels critères il ne devait pas être considéré comme un sujet particulièrement dangereux. En effet, il n’exerce pas d’activité significative « dans le champ subversif ».

En octobre 1931, au motif d’un contrat de travail, il demande et obtient un passeport avec lequel il émigre en France. Refoulé à la frontière il réussira quand même à rejoindre l’Hexagone, et il s’établira à Cravailler.
En 1936, il part en Espagne où il travaille d’abord dans l’industrie de guerre* , mettant à profit son expérience professionnelle. Puis il intègre le Bataillon franco-belge Six Février, de la XVème Brigade internationale (dite Brigade Lincoln), qui interviendra dans la bataille du Jarama du 6 au 27 février. Après avoir été blessé probablement à cette dernière, Bonafede est admis à l’hôpital militaire n°4 de Madrid du 10 mars au 2 août 1937.

Il attend la démobilisation des unités internationales à Torelló, et en janvier 1939** il retourne en France, dans les Bouches du Rhône. Mais quelque temps plus tard, il est interné au Camp d’Argelès sur Mer, à l’instar d’une grande partie des combattants internationaux. Dans une note du Ministère de l’Intérieur, il est signalé comme « socialiste, ex-milicien rouge à arrêter », et comme appartenant au groupe Liberta o morte constitué dans le camp*** . Cela donne à penser qu’il avait pris des distances vis-à-vis de groupes analogues qui organisaient les internés proches d’autres formations politiques.
Il est ensuite transféré dans le camp de Gurs d’où il s’évade dans la nuit du 15 au 16 septembre 1940. Il est inscrit au registre des frontières.
En avril 1943 il est signalé encore en France, dans la région de l’Aude. À partir de ce moment, on n’a plus de nouvelles de Eugenio Bonafede.

note * : Le 7 août 1936 la Generalitat créée la commission de l’industrie de guerre pour sa coordination et son contrôle. Dès lors, la direction et la gestion de ce secteur prennent une forme mixte entre collectivisation (contrôle syndical) et étatisation (contrôle gouvernemental). En octobre 1937 on compte plus de 400 usines et près de 85 000 travailleurs. Dans les différentes usines on produit surtout des cartouches, des pièces de rechanges pour les fusils, des pistolets, des mitraillettes, divers types d’explosifs et de détonateurs, des projectiles pour canons et mortiers, des grenades, pour l’aviation et véhicules blindés, etc.

note ** Un document le signale déjà en France en décembre 1938.

note *** Se trouvaient aussi dans ce groupe d’autres natifs de Brescia : les anarchistes Ragni, Braga et le communiste Motta.

Source de la notice : Roberto CUCCHINI, I soldati ella buona ventura : militanti antifacisti bresciani nella guerra civile spagnola, 1936-1939, GAM, 2009, pp. 344-345 et 611-612.


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