Traduit de l’espagnol par Echanges
Barcelone, la ville-marchandise
Texte paru dans la revue Echanges n° 160 (été 2017) [1]
Dans Etcétera n° 35 de juin 2001 nous écrivions combien la société capitaliste était éminemment urbaine. Actuellement, 58 % des sept milliards quatre cents millions d’habitants que compte la population mondiale vivent en ville, pourcentage qui atteint 80% dans le cas de l’Amérique latine et de l’Etat espagnol. Dans l’Union européenne (UE), 75% de la population vivent dans des centres urbains.
De même, dans le n° 37 (juin 2003) d’Etcétera, nous examinions comment dans la propagande cette « ville des prodiges [2] » qu’est Barcelone était devenue la plus grande ville du monde. Les publicitaires exagèrent toujours ce qui va dans l’intérêt de ceux qui les payent, et passent sous silence ce qu’ils croient leur nuire. S’il est vrai que Barcelone est l’une des plus grandes villes du monde, c’est en densité de population ; surpassée seulement par la ville voisine de L’Hospitalet de Llobregat, ville la plus densément peuplée de toute l’UE. Plus de la moitié de la population catalane se concentre dans l’aire métropolitaine de Barcelone. Par ailleurs, la Catalogne, avec ses 7 millions d’habitants, a reçu 17 millions de touristes en une année dont 9 millions sont venus à Barcelone.
Nous allons reprendre le débat sur la ville dans le contexte actuel en évolution pour y porter de nouveau le regard. Le capital, dans sa tendance à convertir tout en marchandises, gagne l’espace même. Les flux économiques circulent au travers de l’espace modifié par le travail humain, devenu un bien stratégique pour les affaires du capital. Les flux énergétiques circulent au moyen de pylônes érigés dans les champs, les forêts ou franchissant les montagnes ; le pétrole par les oléoducs qui traversent déserts et étendues glacées. Les flux de matières premières et de marchandises, ou de main-d’œuvre, circulent par route, chemins de fer, voies aérienne et maritime. Les flux monétaires du capitalisme financier circulent à grande vitesse au travers de réseaux spatiaux contrôlés par satellites ou autres moyens situés en divers points du globe. Tous ces flux partagent quelques points déterminés de l’espace, ou s’y rencontrent. La construction et la maintenance de ces points et réseaux procurent d’énormes bénéfices au capitalisme, en grande majorité payés par l’argent que les Etats récupèrent par les impôts auprès des habitants de la planète. C’est ainsi que le contrôle, la possession et la planification de l’espace à son profit sont devenus une question prioritaire pour le capital.
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