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La Catalogne après la tourmente

La Catalogne après la tourmente

Tomás Ibáñez

Barcelone 1er Décembre 2017

Tout ce qui est construit d’en bas est bon ... à moins que cela ne s’érige sur des socles préparés d’en haut ...

Au moment où la campagne électorale est sur le point de commencer et de nous plonger à nouveau dans le lamentable spectacle de la compétition entre Partis pour récolter le maximum de voix, il n’est peut être pas inutile de faire le bilan de l’intense période de confrontation entre, d’une part, le Gouvernement et l’Etat espagnol, et de l’autre le prétendant au titre d’État catalan. Une confrontation dans laquelle les secteurs révolutionnaires – ainsi que beaucoup d’anarchistes et d’anarcho-syndicalistes – ont participé sous prétexte qu’il fallait prendre parti, il fallait être là où le peuple était, et qu’il était nécessaire de choisir de lutter.

Aujourd’hui, la question n’est plus de savoir si, partant de positions libertaires, il était logique de collaborer avec un projet dont le but ultime était la création d’un Etat, ou s’il était cohérent de participer à un affrontement dirigé par le nationalisme catalan. Il s’agit plutôt de savoir maintenant, si la partie du mouvement anarchiste qui s’est lancée dans cette bataille va examiner les pour et les contre de sa démarche, ou si, au contraire, elle va élaborer un discours destiné à justifier sa participation dans cet affrontement et à montrer que, finalement, elle a fait ce qui était le plus approprié dans une situation certainement complexe.

Le fait est que les principaux arguments de ce discours sont déjà en train d’émerger et pointent vers une mythification de certains événements qui sont fortement magnifiés. S’il s’agissait d’une simple divergence concernant l’évaluation subjective de ces événements, le fait ne serait pas inquiétant, il le devient lorsque nous nous trompons nous-mêmes sur la nature du chemin que nous avons parcouru, car cela engendre des points aveugles qui troublent notre perception relative au comment et par où continuer à avancer.

Ce discours recueille à juste titre le fait que le défi catalan présentait des facettes susceptibles de motiver la participation des adversaires du statu quo existant. En effet, le conflit qui a éclaté en Catalogne a mobilisé les partisans d’une société plus juste et plus libre, teintée de démocratie participative et de touches anticapitalistes, et qui étaient opposés, entre autres points :

 au régime né en 1978, aux pactes honteux de la transition, à la monarchie, au bipartisme, et à la sacralisation de la Constitution espagnole.

 au gouvernement autoritaire et réactionnaire d’un Parti Populaire corrompu, attelé à retailler les acquis sociaux et les libertés.

 à la répression policière et à la violence de ses interventions.

 aux obstacles dressés contre à la libre autodétermination des peuples.

Ceux qui se sont impliqués dans la lutte ont raison de souligner la pluralité des aspects pouvant justifier leur participation, cependant, ils se tromperaient eux-mêmes s’ils n’admettaient pas que les rênes de la bataille contre l’Etat espagnol étaient entièrement entre les mains du Gouvernement catalan et de ses associés nationalistes (l’ANC - Assemblée Nationale Catalane - et Omnium Culturel), dans le seul but de forcer la négociation d’une nouvelle répartition du Pouvoir et d’obtenir, à terme, la reconnaissance de l’État catalan.

En outre, ils se tromperaient également eux-mêmes s’ils se refusaient à voir que le caractère politiquement, et pas seulement socialement, transversal du conflit catalan répondait en grande partie au besoin absolument impératif qu’avaient les dirigeants du défi lancé à l’Etat espagnol de construire la seule arme capable de leur fournir une certaine capacité de résistance contre leur puissant adversaire, à savoir : l’ampleur du soutien populaire dans la rue, ce qui obligeait à rassembler autant de secteurs que possible et, par conséquent, des sensibilités fortement hétérogènes.

Le discours justificatif qui commence à apparaître repose lourdement sur la mythification des journées du 1er et du 3 octobre, et passe par la surévaluation de la capacité d’auto-organisation populaire qui s’est manifestée à propos de la défense des urnes.

Il ne fait aucun doute que la journée du 1er octobre (date du référendum) a connu un succès considérable, non seulement en raison de l’afflux massif d’électeurs, dont il est impossible de vérifier le chiffre, mais surtout parce qu’ils ont déjoué tous les obstacles dressés par le Gouvernement Espagnol. Cependant, nous nous tromperions nous-mêmes en nous cachant que si tant de personnes se sont rendues aux urnes, c’est aussi par ce que les plus hautes autorités politiques de la Catalogne l’ont exigé, à commencer par le Gouvernement catalan au complet, en passant par la mairesse de Barcelone et par plus de 80% des maires de Catalogne.

Il est tout à fait vrai que les interdictions lancées par le gouvernement espagnol se heurtèrent à la désobéissance, mais il ne faut pas ignorer que les injonctions d’un autre Gouvernement et de nombreuses autorités rencontrèrent l’obéissance.

La mythification du 1er Octobre se nourrit aussi de la magnification de la capacité d’auto-organisation du peuple lorsqu’il “protégea” les urnes, en oubliant que cette protection fut assurée sur toute l’étendue du territoire catalan par l’intervention disciplinée de milliers de militants des Partis et des Organisations indépendantistes (depuis l’ERC - Gauche Républicaine Catalane - jusqu’à la CUP - Candidatures d’Unité Populaire-, en passant par l’ANC et Omnium Culturel). Le fait de poser l’accent sur les cas d’auto-organisation ne doit pas occulter complètement la verticalité d’une organisation qui compta avec des personnes entrainées pendant des années dans les manifestations du 11 Septembre à respecter scrupuleusement et avec une extraordinaire discipline les instructions transmises par les directions des organisations indépendantistes.

Nous savons bien, ne serait-ce qu’à travers l’expérience personnelle, que la désobéissance à l’autorité, la confrontation avec la police, et la lutte collective contre la répression, font naître des sentiments intenses et ineffaçables, qui tissent une forte solidarité et des liens affectifs entre des inconnus qui fusionnent soudainement dans un « nous » chargé de sens politique et d’énergie combative. Cela fait partie de l’héritage le plus précieux que nous lèguent les luttes, et cela justifie largement l’enthousiasme qu’elles nous insufflent ; cependant, cela ne devrait pas servir d’excuse pour que nous nous trompions nous-mêmes. Bien que le 1er octobre ait représenté un échec retentissant pour l’Etat espagnol, il ne marque pas du tout un avant et un après, et il ne remplit pas les conditions pour entrer dans l’histoire comme l’un des actes les plus emblématiques de la résistance populaire spontanée : nous trompons nous-mêmes si nous nions cette réalité.

Le 3 octobre fut également une journée mémorable pendant laquelle le pays fut paralysé et les rues s’emplirent de centaines de milliers de manifestants. Toutefois, si nous ne voulons pas nous tromper nous-mêmes et mythifier cet événement, il nous faut bien admettre que même si la grève générale fut impulsée par l’efficacité et l’enthousiasme des syndicats alternatifs (notamment anarchosyndicalistes), elle n’aurait jamais obtenu un tel succès si la « Table pour la Démocratie » (composée par les principaux syndicats, par une partie du patronat, et par les grandes organisations indépendantistes) n’avaient convoqué un « arrêt de pays », et si le Gouvernement catalan n’avait pas soutenu cet arrêt en fermant tout ce qui dépendait de lui, y compris les écoles, et en annonçant qu’il n’y aurait pas de retenue de salaire pour fait de grève.

La constante et massive capacité de mobilisation manifestée par de larges secteurs de la population catalane tout au long de septembre et d’octobre a fait éclore la thèse selon laquelle le Gouvernement catalan aurait craint de perdre le contrôle de la situation. Il est vrai que la peur a joué un rôle majeur dans les agissements erratiques du Gouvernement au cours de ces mois, mais ce ne fut pas la peur d’un éventuel débordement provoqué par les secteurs les plus radicaux des mobilisations qui explique les multiples renoncements des autorités catalanes ; c’est plutôt leur progressive prise de conscience que, finalement, elles ne parviendraient pas à battre leur adversaire, et que celui ci disposait de suffisamment de moyens pour les pénaliser sévèrement.

Un troisième élément que certains secteurs libertaires, dont ceux impliqués dans les Comités de Défense de la République (CDR), mythifient, a trait à la perspective de construire une République depuis le bas.

C’est peut-être parce que j’ai vécu pendant des décennies en République (française dans ce cas), et peut-être aussi parce que mes parents ne se sont pas battus pour une République mais pour construire le communisme libertaire, et durent faire face aux institutions républicaines, que je ne vois pas la nécessité de placer sous le parapluie républicain l’effort pour construire une société qui tende à faire disparaître la domination, l’oppression et l’exploitation.

Je ne comprends pas pourquoi il faudrait nous en remettre à des schémas conventionnels, qui ne semblent capables de distinguer qu’entre la monarchie, d’une part, et la république, de l’autre. Il faut répéter que combattre la monarchie n’implique nullement lutter pour la République, et que notre lutte n’a pas à se référer à la forme juridique/politique de la société que nous voulons construire, mais plutôt au modèle social que nous défendons (anticapitaliste et en lutte contre toute forme de domination). Notre objectif ne devrait pas être exprimé en termes de « construction d’une république depuis le bas », mais en termes de « construction d’une société radicalement libre et autonome ».

C’est pourquoi je pense qu’il est intéressant de retenir l’expression utilisée par Santiago López Petit dans un texte récent [1] quand il dit : « En partant d’une logique d’Etat (et d’un désir d’Etat) nous ne pourrons jamais changer la société  ». Et j’insisterai, pour ma part, sur le fait que nous ne pourrons jamais, non plus, changer la société à partir d’un quelconque « désir de République ».

Bien sûr, après la tempête qui a secoué la Catalogne ces derniers mois, nous ne devrions pas laisser s’installer le calme plat. Il nous faut travailler pour que les énergies accumulées ne se dispersent pas, pour que les complicités établies ne s’évanouissent pas, et pour que les illusion partagées ne se flétrissement pas. Il s’agit de ne pas repartir de zéro une fois de plus, mais d’utiliser ce qui a été “fait” pour continuer dans un autre "faire" qui évite la diaspora militante. Recomposer les énergies n’est pas une tâche aisée, mais pour y parvenir il est essentiel de réfléchir sur les erreurs commises, et surtout, ne pas se nous tromper nous-mêmes en magnifiant les moments les plus spectaculaires des luttes, et en surévaluant certains de leurs aspects les plus positifs.

Bien sûr, qu’elle soit anarchiste ou non, chaque personne est libre d’introduire un bulletin de vote dans une urne si elle le souhaite ; mais les anarchistes vont-ils aller jusqu’à s’impliquer, directement ou indirectement, dans l’actuelle joute électorale catalane, en pensant que ce sera la manière de préserver les minces espoirs d’un changement révolutionnaire, ou en croyant, plus prosaïquement que c’est la voie à suivre pour mettre fin au régime de 1978 ?

Dans son texte cité plus haut, López Petit déplore qu’au lieu d’accepter de participer à des élections imposées, les Partis politiques n’aient pas choisi de "les saboter au moyen d’une abstention massive et organisée". C’est, à mon avis, l’option que les secteurs libertaires devraient adopter et mettre en pratique pour le 21 décembre.

Traduction de Tomás Ibáñez

Version espagnole

Catalunya después de la tormenta

Tomás Ibáñez

Barcelona viernes 1º de Diciembre 2017

Todo lo que se construya desde abajo es bueno….a no ser que se eleve sobre unos pedestales preparados desde arriba…

Cuando está a punto de empezar la campaña electoral y volvemos a contemplar el insufrible espectáculo de la competición entre partidos para cosechar el máximo numero de votos, quizás sea buen momento para hacer balance del intenso periodo de enfrentamiento entre el Gobierno y el Estado Español, por una parte, y el aspirante a ser un Estado Catalán, por otra. Un enfrentamiento en el que sectores revolucionarios, así como bastantes anarquistas y anarcosindicalistas, se involucraron al considerar que había que tomar partido, que era necesario estar allí donde estaba el pueblo, y que era preciso optar por luchar.

Hoy, la cuestión ya no consiste en saber si tenía sentido colaborar, desde posturas libertarias, con un proyecto cuya finalidad última era la creación de un Estado, ni si era coherente entrar en la contienda liderada por el nacionalismo catalán. Ahora, se trata más bien de saber si la parte del movimiento anarquista que se involucró en esa batalla va a valorar los pros y contras de su andadura, o si, por lo contrario, va a elaborar un relato que le permita justificar su participación en la contienda, buscando la confirmación de que, finalmente, hizo lo más adecuado en una situación ciertamente compleja.

Lo cierto es que los principales argumentos de ese relato ya se están perfilando y apuntan a una mitificación de determinados eventos, magnificándolos en grado sumo. Si se tratase de una simple disparidad en cuanto a la apreciación subjetiva de esos eventos, el tema no sería preocupante, su relevancia radica en que cuando nos engañamos a nosotros mismos acerca de como ha sido el camino que hemos recorrido engendramos una serie de puntos ciegos que enturbian nuestra percepción de como, y por donde, seguir avanzando.

Ese relato recoge el hecho cierto de que el desafío catalán presentaba unas facetas capaces de motivar la participación de quienes se muestran disconformes con el statu quo existente. En efecto, el conflicto desencadenado en Catalunya movilizaba a quienes deseaban avanzar hacia una sociedad más justa y más libre, con tintes de democracia participativa, acompañados de algunas pinceladas anticapitalistas, y se oponían, por mencionar tan solo algunos problemas :

— al régimen del 78, a los vergonzantes pactos de la transición, a la monarquía, a la monopolización bipartidista del poder político, y a la sacralización de la Constitución.

— al gobierno derechista y autoritario de un Partido Popular corrupto y empeñando en recortar derechos sociales y libertades.

— a la represión policial y a la violencia de sus intervenciones.

— a las trabas contra la libre autodeterminación de los pueblos.

Quienes se involucraron en la lucha tienen razón en señalar la pluralidad de los aspectos que justificaban su participación, sin embargo, se auto-engañarían si no reconocieran, al mismo tiempo, que las riendas de la batalla contra el Estado Español estaban totalmente en manos del Govern y de sus asociados nacionalistas (ANC y Ómnium Cultural), con el único objetivo de forzar la negociación de un nuevo reparto del Poder, y de conseguir, a plazo, el reconocimiento del Estado Catalán.

También se auto engañarían si no se percatasen que el carácter políticamente, y no solo socialmente, transversal del conflicto catalán respondía, en buena medida, a la necesidad absolutamente imperativa que tenían los artífices y dirigentes del embate contra el Estado Español de construir la única arma capaz de conferirles cierta capacidad de resistencia frente a su potente adversario, a saber : la magnitud del respaldo popular en la calle, donde era vital congregar tantos sectores como fuese posible y, por lo tanto, muchas sensibilidades dispares.

El relato justificativo que está apareciendo descansa fuertemente sobre la mitificación de las jornadas del 1º y del 3 de Octubre, y pasa por la sobre-valoración de la capacidad de auto-organización popular que se manifestó en torno a la defensa de las urnas.

No cabe la menor duda de que el 1º de Octubre fue un éxito considerable, no solo por la enorme afluencia de votantes, en una cifra imposible de verificar, sino porque se burlaron todos los impedimentos levantados por el Gobierno. Sin embargo, nos engañamos a nosotros mismos cuando pasamos por alto que si tantas personas acudieron a las urnas fue también porqué así lo pidieron las máximas autoridades políticas del país, desde el Gobierno Catalán en pleno, hasta la alcaldesa de Barcelona, pasando por más del 80% de los alcaldes de Catalunya.

Es totalmente cierto que se desobedecieron las prohibiciones del Gobierno Español, pero no conviene ignorar que se obedecieron las consignas de otro Gobierno y de muchos cargos institucionales.

La mitificación del 1º de octubre se basa también en magnificar la capacidad de auto organización del pueblo en defensa de las urnas, olvidando que, paralelamente a las encomiables muestras de auto organización, también se contó, en toda la extensión del territorio catalán, con la disciplinada intervención de miles de militantes de los Partidos y de las Organizaciones comprometidas con la independencia (desde ERC a la CUP, y desde la ANC a Ómnium Cultural). Poner el acento sobre los incuestionables ejemplos de auto organización no debería ocultar por completo la verticalidad de una organización que contó con personas entrenadas durante años a cumplir escrupulosamente y disciplinadamente en las manifestaciones del 11 de septiembre las instrucciones recibidas desde los órganos dirigentes de las organizaciones independentistas.

Ya sabemos, aunque solo sea por propia experiencia, que la desobediencia frente a la autoridad, el enfrentamiento con la policía, y la lucha colectiva contra la represión, procuran sensaciones intensas e imborrables que tejen fuertes lazos solidarios y afectivos entre unos desconocidos que se funden repentinamente en un “nosotros” cargado de significado político y de energía combativa. Eso forma parte del legado más precioso de las luchas, y justifica ampliamente que las valoremos con entusiasmo, sin embargo, no debería servir de excusa para que nos engañemos a nosotros mismos. Pese a que supuso un fracaso estrepitoso para el Estado Español, el 1º de octubre no marca un antes y un después y no reúne las condiciones para pasar a la historia como uno de los actos más emblemáticos de la resistencia popular espontánea, y nos auto engañamos si así lo creemos.

El 3 de octubre fue, también, un día memorable donde se consiguió paralizar el país y llenar las calles con cientos de miles de manifestantes. Sin embargo, si no queremos auto engañarnos y mitificar ese evento, debemos admitir que la huelga general, por mucho que los sindicatos alternativos la impulsaran con eficacia y entusiasmo, nunca hubiese alcanzado semejante éxito de no haber sido porque la “Mesa por la democracia” (compuesta por los sindicatos mayoritarios, por parte de la patronal, y por las grandes organizaciones independentistas) convocó un “paro de país”, y porque el Govern respaldó ese paro de país cerrando sus dependencias y asegurando que no aplicaría la retención de sueldo a los huelguistas.

La constante y multitudinaria capacidad de movilización demostrada por amplios sectores de la población catalana en los meses de septiembre y de octubre ha hecho aflorar la tesis de que el Govern temió perder el control de la situación. Es cierto que el miedo desempeñó un papel importante en la errática actuación del Govern durante esos meses, pero no fue el miedo a un eventual desbordamiento promovido por los sectores más radicales de las movilizaciones el que explica las múltiples renuncias de las autoridades catalanas, sino la progresiva toma de consciencia de que no conseguirían doblegar finalmente a su adversario y que este disponía de los suficientes recursos de poder para penalizarlas severamente.

Un tercer elemento que ciertos sectores libertarios, algunos de ellos involucrados en los Comités de Defensa de la República, están mitificando tiene que ver con la perspectiva de construir una República desde abajo.

Quizás porque he vivido durante décadas en una República (la francesa), quizás porque mis progenitores nunca lucharon por una República, sino por construir el comunismo libertario, y tuvieron que enfrentarse a las instituciones republicanas, no alcanzo a ver la necesidad de situar bajo el paraguas republicano el esfuerzo por construir una sociedad que tienda a hacer desaparecer la dominación, la opresión y la explotación.

No alcanzo a entender la razón por la cual debemos acudir a unos esquemas convencionales, que solo parecen poder distinguir entre Monarquía, por una parte, y República, por otra. Conviene repetir que luchar contra la Monarquía no tiene porque implicar luchar por la República, y que no hay que referenciar nuestra lucha en la forma jurídico-política de la sociedad que queremos construir, sino en el modelo social que propugnamos (anticapitalista, y beligerante contra cualquier forma de dominación). El objetivo no debería expresarse en términos de “construir una república desde abajo”, sino en términos de “construir una sociedad radicalmente libre y autónoma”.

Por eso me parece interesante retomar aquí la expresión utilizada por Santiago López Petit en un reciente texto (http://www.elcritic.cat/blogs/sentitcritic/2017/11/27/catalunya-com-a-laboratori-politic/ ) cuando dice : “Desde una lógica de Estado (y de un deseo de Estado) nunca se podrá cambiar la sociedad”, pero insistiendo por mi parte en que tampoco se cambiará la sociedad desde cualquier deseo de República ”.

Por supuesto, tras la tempestad que ha sacudido Catalunya estos últimos meses no deberíamos dejar que le suceda la calma chicha. Es preciso trabajar para que no se desperdicien las energías acumuladas, para que no se desvanezcan las complicidades establecidas, y para que no se marchiten las ilusiones compartidas. Se trata de no partir desde cero otra vez, sino de utilizar lo hecho para proseguir en otro “hacer” que evite la diáspora militante. Recomponer fuerzas no es tarea fácil, pero para conseguirlo es imprescindible recapacitar acerca de los errores cometidos y, sobre todo, no engañarnos a nosotros mismos magnificando los momentos más espectaculares de las luchas y sobrevalorando algunos de sus aspectos los más positivos.

Por supuesto, sea anarquista o no, cada persona es libre de introducir una papeleta en una urna si así lo desea, sin embargo, lo último que nos faltaría a estas alturas sería que los anarquistas se involucrasen en la actual contienda electoral catalana pensando que esa es la forma de mantener viva la esperanza de un cambio revolucionario, o, más prosaicamente, considerando que esa es la forma de avanzar hacia el punto final del régimen del 78. López Petit lamenta en su texto, antes citado, que en lugar de aceptar participar en unas elecciones impuestas, los partidos políticos no hayan optado por “sabotearlas mediante una abstención masiva y organizada”. Esa es, a mi entender, la opción que los sectores libertarios deberían adoptar, y llevar a la practica, de cara al 21 de diciembre.