“Liberté pour les prisonniers anarchistes. Si l’on en touche un, on nous touche tous”
Que dissimule l’Opération Pandora ?
S’il est une chose dont nous sommes certains, c’est que le gouvernement espagnol ne vit pas ses meilleurs jours. Englué jusqu’au cou dans un marécage de corruption et incapable de résoudre, d’une part, la restructuration imposée par la sauvegarde de la souveraineté de l’État espagnol et, d’autre part, les problèmes économiques urgents qui noient des secteurs de plus en plus larges de la population, il craint que son manque de crédibilité et son impuissance n’aboutissent à une crise d’État qui, si la réaction populaire ne se limite pas au vote, aurait pour lui de dangereuses conséquences.
L’État se durcit, comme le montre la tentative du ministère de l’Intérieur de créer un fichier de personnes arbitrairement qualifiées de « suspectes » et d’imposer une Ley de Seguridad Ciudadana qui donne les mains libres à la police pour réprimer n’importe quel mouvement de protestation de la rue. Face à ceux qui se proposent de le réformer constitutionnellement, ou même de le « démocratiser » pour le sauver, il y a un secteur politique qui prétend le cuirasser avec toute une série de mesures répressives. Derrière lui se dissimule la majorité des pouvoirs de fait qui ont beaucoup à perdre dans la crise. Ils ont commencé à paniquer, et c’est pour cela que l’État se dispose à donner un coup de gouvernail sécuritaire, avec pour objectif de préparer le terrain. Les médias ont été les premiers à se mettre à la tâche, bien avant les policiers et les juges. Des nouvelles fantastiques concernant de mystérieux voyageurs internationaux, messagers de l’anarchie, circulent depuis un moment, tandis que d’autres, du même niveau alarmiste, visent à criminaliser l’unique milieu opaque pour le Pouvoir, ce qui en soi est déjà scandaleux, celui des squats, des athénées libertaires et des centres autogérés.
Le message est clair : nous ou le chaos. Les stratèges du Pouvoir ne croient pas que les libertaires et les squats soient leurs ennemis les plus redoutables, bien qu’ils gardent à l’esprit l’exemple de Can Vies ; bien au contraire, ils estiment que ce maillon est assez faible pour leur servir de bouc émissaire, comme une sorte de rappel à l’ordre aux opposants officiels. Le montage grossier du juge de l’Audience nationale, Gómez Bermúdez, n’est pas une simple manœuvre d’intimidation contre eux et les éventuels conflits que pourrait susciter la défense de la banque expropriée de Gràcia [1], menacée d’expulsion.
Il n’est pas nécessaire de savoir lire entre les lignes : l’arrestation d’une douzaine de jeunes, presque tous de Barcelone, la vieille Rosa de Foc [2], sous le prétexte que trois pétards ont éclaté, il y a deux ans, dans des distributeurs automatiques, actes ridiculement qualifiés de « terroristes », ou le déploiement de quatre cents « mossos » autour de la Kasa de la Muntanya, sont des faits si incongrus et disproportionnés qu’ils ne peuvent dissimuler une intention infâme. Il y a déjà eu des faits similaires, il n’y a pas si longtemps.
Soit ceux qui tirent les fils d’une trame si évidente sont des imbéciles ou des cinglés, soit ils essaient seulement d’avertir les autres – l’opposition légale – qu’ils devront abandonner les balivernes, applaudir la « loi Mordaza [3] » et faire front commun avec le système. Il est possible que les deux choses soient vraies. La provocation vis-à-vis des libertaires, bonnes gens qui ne se laissent pas intimider facilement, est le premier pas d’une stratégie de la tension qui vise plus loin. Le Pouvoir encourage le vacarme pour introduire la peur chez le citoyen téléspectateur. L’État affaibli craint pour sa stabilité, il est au bord de la crise de nerfs, et c’est pourquoi il compte sur la multiplication de troubles mineurs pour forger l’unité du parti de l’ordre. À en juger par les manifestations dans plusieurs villes, et principalement l’énorme manifestation d’hier dans le quartier de Gràcia, nous doutons qu’il l’obtienne.
Liberté pour les détenus !
Revue Argelaga, le 17 décembre 2014
Les notes et photos ajoutées sont le fait des Giménologues. Janvier 2015
¿Que hay detrás de la Operación Pandora ?
Si de algo estamos seguros, es de que el Gobierno español no pasa por sus mejores días. Inmerso hasta las cejas en un pantano de corrupción e incapaz de resolver, por un lado, la remodelación planteada por el soberanismo, y por el otro, los acuciantes problemas económicos que ahogan a sectores cada vez más amplios de la población súbdita, teme que su falta de credibilidad y su impotencia terminen en una crisis de Estado que ante una reacción popular que de no limitarse a votar tendría consecuencias perjudiciales.
El Estado se está endureciendo, como prueba el intento de Interior de crear un fichero de personas arbitrariamente calificadas de “sospechosas” y la sanción a una Ley de Seguridad Ciudadana que da manos libres a la policía para reprimir cualquier movimiento de protesta callejera. Frente a quienes se proponen reformarlo constitucionalmente, o incluso “democratizarlo” para salvarlo, hay un sector político que pretende acorazarlo con toda clase de medidas represivas. Tras él se esconden la mayoría de poderes fácticos con mucho que perder en la crisis. Les ha entrado pánico y por eso el Estado se dispone a dar un golpe de timón ; con este objetivo está preparando el terreno. Los medios de comunicación fueron los primeros que se entregaron a la tarea, mucho antes que la policía y los jueces. Noticias fantásticas sobre misteriosos viajeros internacionales mensajeros de la anarquía hace tiempo que circulan, así como otras de mismo cariz alarmista tendentes a criminalizar el único medio opaco al Poder que existe, lo que de por sí es algo escandaloso, el de las casas okupas, los ateneos libertarios y los centros autogestionados.
El mensaje es claro : o nosotros o el caos. Los estrategas del Poder no creen que los libertarios y okupas sean sus enemigos más temibles, aunque tengan en mente el ejemplo de Can Vies ; bien al contrario, son para ellos un eslabón lo suficientemente débil como para servir de chivo expiatorio en una especie de aviso para navegantes. El burdo montaje del juez de la Audiencia Nacional, Bermúdez, no es una simple maniobra intimidatoria contra ellos y los posibles conflictos que puedan suscitarse en la defensa del banco expropiado de Grácia, amenazado de desalojo. No hace falta leer entre líneas : las detenciones de una docena de jóvenes, casi todos en Barcelona, la vieja Rosa de Foc, so pretexto de tres petardos caseros que estallaron hace dos años en sendos cajeros automáticos, actos calificados ridículamente de “terrorismo”, o el despliegue de cuatrocientos #8220 ;mossos” en torno a La Kasa de la Muntanya, son hechos tan incongruentes y desproporcionados que no pueden disimular una intención infame. Ya hubo otros similares no hace mucho.
Quienes manejan los hilos de tan evidentes tramas, o son unos perturbados inútiles, o simplemente tratan de advertir a otros –a la oposición legal– que se dejen de monsergas, aplaudan la Ley Mordaza y hagan frente común con el sistema. Puede que las dos cosas sean ciertas. La provocación a los libertarios, buena gente que no se deja amedrentar por nada, es el primer paso de una estrategia de la tensión que apunta más lejos. El Poder trata de alentar algaradas para meter miedo a la ciudadanía televidente. El Estado flojea, teme por su estabilidad, está al borde del ataque de nervios, y por eso confía en que unos cuantos disturbios menores forjen la unidad del partido del orden. A juzgar por la enorme manifestación de ayer en el barrio de Gracia, dudamos que lo consigan.
¡Libertad a los detenidos !
Revista Argelaga, 17 de diciembre de 2014.