Nous signalons la parution de cette compilation d’articles d’Agustín García Calvo traduite par Manuel Martínez et préfacée par Luis Andrés Bredlow, que nous saluons au passage .
Les Giménologues, le 5 juillet 2014
Extrait du prologue à l’édition française (pp. 13-15)
L’Analyse de la Société du Bien-Être, qui est présentée ici pour la première fois aux lecteurs de langue française, est peut-être l’écrit qui se prête le mieux à une première approche de cette “politique du peuple”, qui est le contraire de la politique des politiciens, des partis et des États (cette dernière ne pouvant s’opposer au Capital et à l’Économie, étant mêlée à leurs affaires au point de ne plus pouvoir s’en distinguer). Ce livre a été écrit en 1993 ; les dernières secousses de l’Économie Mondiale n’ont fait que confirmer et renforcer, comme ils disent, l’actualité d’observations comme celle-ci : “Pour renverser cette Religion ultime (l’Économie, l’Idée de l’Argent), il suffit que soient un peu divulgués les soupçons sur le vide de cette Foi. (...) Il suffit qu’une rumeur de doute, qu’une odeur de soupçon se répandent suffisamment dans telle succursale du Capital et dans telle autre, dans ce pinacle de consortiums ou dans cet autre (...) pour que la découverte du vide du Dieu-Argent devienne menaçante, pour que rapidement se fissure et s’effondre un Empire fondé entièrement sur le Crédit, sur la Foi.”(XVII). Il se peut que les questions auxquelles tentent de répondre les dernières chroniques se ressentent aujourd’hui de façon plus directe et urgente : comment continuer à vivre, comment remplacer la stimulation monétaire, pendant que l’effondrement se produit.
En ce qui concerne les deux appendices, rajoutées pour cette édition, la première, Dieu et l’Argent, approfondit l’analyse théologique de l’Économie, en mettant à nu l’essence abstraite de la réalité dominante. La seconde, Plus de rails, moins de routes, défense éloquente du train contre la plaie que constitue l’automobile personnelle, montre comment cette négation ferme de l’État et de l’Argent que García Calvo soutient, loin de se figer en spéculation théorique vide, peut donner par elle-même des propositions et perspectives, certainement pas « réalistes » et « positives » comme l’État le demande, mais bien pratiques, faisables et immédiates : une fois les idées et les espoirs de futurs relégués, reste la défense - ici, maintenant et toujours - de la richesse véritable et palpable, de ce qui est véritablement utile pour vivre et non pour vendre, contre la fausse richesse monétaire et abstraite qui les tue. Reste la confiance dans la raison commune, dans le peuple qui n’existe pas, mais qui, par en dessous des individus et des idées, sait ou sent ce qui est bon.
Luis Andrés Bredlow
Mars 2014
L’État a fusionné avec le capital. L’homme est devenu marchandise. Dans la religion de l’Économie, un seul Dieu est vénéré : l’Argent. Un seul idéal subsiste : le Développement. Et cette société mue par le sacro-saint critère de Rentabilité se présente comme la meilleure, la seule possible, réalité indiscutable, où tous les individus réduits à l’état de ressources souriantes se doivent d’accéder à un Bien-être hégémonique. Comme si la finalité de l’existence était de crouler sous une abondance de substituts, d’ingurgiter toujours plus d’ersatz. « Les biens du Bien-être ont le goût du vide », s’élève Agustín García Calvo dans ce pamphlet percutant, aux accents situationnistes. Pour en finir avec le régime de la falsification, il suffit de ne plus y croire. De ne plus parler le langage de l’économie. Dire NON, la vie est ailleurs que dans les illusions mercantiles de notre temps. « Qu’adviendrait-il de l’Argent, de la Banque, de l’immense commerce du Réseau Informatique Universel, si un manque de foi se propageait parmi les gens, si un soupçon venait assaillir chacun d’entre nous avec une certaine fréquence et intensité, un soupçon sur ce qui circule sur le Réseau Informatique Universel, ce qui maintient la Bourse, ces choses que l’on va chaque jour acheter à la Banque, pareils à des enfants qui s’échangent des images, mais avec le plus grand sérieux, comme si la vie s’y jouait ? L’Argent, aussi puissant soit-il, n’y pourrait rien. N’importe quelle forme de Dieu a besoin de Foi : plus sa réalité est haute, plus il est sublime, et plus il a besoin que l’on croit en Lui. »
Agustín García Calvo (1926-2012) est un auteur espagnol prolifique, philologue, linguiste, poète, dramaturge et essayiste. Cet anarchiste éclectique, toujours sur la brèche (il participait encore au mouvement des Indignés quelques mois avant sa mort), se veut le porte-voix des gens communs.
Traduit de l’espagnol par Manuel Martinez Préface de Luis Andrés Bredlow
Pages : 120
Format : 11×18 cm (poche)
Prix : 9 €
ISBN : 979-10-92605-06-8
Parution : juin 2014
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