Rencontre Debat avec Charles Jacquier. Samedi 30 septembre 16 heures. Librairie du Muguet - L’Athenee libertaire. 7 rue du Muguet, Bordeaux. tel. 05 56 81 01 91.
Louis Mercier-Vega.
"La Chevauchée anonyme".
Ni l’un ni l’autre camp (1939-1941).
Avant-propos de Charles Jacquier.
"In Memoriam", Témoignage de Marianne Enckell.
"Une attitude internationaliste devant la guerre", Postface de Charles Jacquier.
Parution : 17/02/2006.
ISBN : 2 7489 0055 3.
272 pages.
12 x 21 cm.
17.10 Euros.
À la maniere d’un roman, La Chevauchee anonyme évoque les destinées aventureuses de ceux que l’on a quelquefois nommés les « révolutionnaires du troisième camp ». La plupart n’avaient pas attendu la déclaration de guerre, en 1939, pour s’opposer au fascisme dans leur pays d’origine, qu’ils fussent antifascistes italiens, allemands ou espagnols, vérifiant au péril de leur vie cette évidence soulignée par Howard Zinn : « Les Alliés ne sont pas entrés en guerre par pure compassion pour les victimes du fascisme. Ils ne déclarèrent pas la guerre au Japon quand celui-ci massacra les Chinois de Nankin, ni à Franco quand il s’en prit à la démocratie espagnole, ni à Hitler lorsqu’il expédia les Juifs et les opposants dans les camps de concentration. Ils ne tentèrent même pas de sauver les Juifs d’une mort certaine pendant la guerre. Ils n’entrèrent en guerre que quand leur propre domination fut menacée. »
Cette réédition sera l’occasion de rappeler que ce que l’on présente toujours comme une « guerre juste » se caractérise en fait par un degré de barbarie jamais atteint. Et qu’aucune des parties n’est exempte de responsabilités. Aux réalistes de tout poil, toujours prompts à rallier le camp des vainqueurs et à justifier l’injustifiable, on nous permettra de préférer les personnages de ce livre qui, envers et contre tout, tentèrent de maintenir vivante l’espérance d’un monde meilleur dans les circonstances les plus difficiles qui soient.
Dans ce récit en grande partie autobiographique sur les premières années de la Seconde Guerre mondiale, Louis Mercier Vega (1914-1977) apparaît sous les traits des deux personnages principaux, Danton et Parrain, de l’Europe à l’Amérique latine, dans une période « où l’on ne peut rien, sauf ne pas perdre la tête ». Né Charles Cortvrint - « une fédération de pseudonymes » à lui tout seul -, il milite dès l’âge de seize ans dans le mouvement anarchiste belge, puis français, fonde le Groupe international de la Colonne Durruti et combat sur le front d’Aragon en 1936. Revenu en France, il tente de renouveler un mouvement libertaire assoupi dans sa grandeur passée avec la petite revue* Révision* (1938-1939). Auteur de L’Increvable anarchisme (1970, rééd. 1988), La Révolution par l’État, une nouvelle classe dirigeante en Amérique latine (1978), collaborateur de la presse anarchiste internationale, rédacteur de Preuves, fondateur de la revue Interrogations en 1974, Louis Mercier Vega fut animé toute sa vie par la double passion de comprendre et d’agir.
Marseille, 1939.
Les organisations étaient bloquées, vidées de leur contenu par la mobilisation, paralysées par la surveillance policière. L’action collective, les mouvements, les groupes de quartier ou d’usine, les publications, tout cela était effacé. Les dimensions du combat s’étaient brusquement réduites. Tout militant misait sa liberté dans l’immédiat, plus d’un jouait sa peau à échéance. Il ne restait que des individus, acculés, traqués, réduits à leur maigre capital de relations, à leur poignée de monnaie dans la poche et à leur costume encore acceptable.
La France était une trappe dans une plus grande trappe européenne en train de se refermer.
Mario était ancré dans un petit hôtel-restaurant du Vieux-Port. Mario, c’était la solidité, le calme, la poignée de main ferme, la conviction agissante. La certitude que la situation était désespérée, qu’elle ne pouvait qu’empirer, et une volonté constante de tenir.
– Partons, lui dit Parrain. La guerre va s’étendre rapidement.
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Editions AGONE.