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Les Gimenologues
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DÉCHIFFRER LA « GYMNASTIQUE RÉVOLUTIONNAIRE »
Un nouvel article de Chris Ealham

LA GÉNÉALOGIE DE LA LUTTE ARMÉE ANARCHO-BOLCHEVIQUE de JUAN GARCÍA OLIVER. (1917-36)

Titre original :
DESCIFRANDO LA “GIMNASIA REVOLUCIONARIA”:LA GENEALOGÍA DE LA LUCHA ARMADA ANARCOBOLCHEVIQUE DE JUAN GARCÍA OLIVER (1917-36)
Una primera versión de este texto se presentó en el curso de verano de la Universitat de Barcelona, Els Juliols, 11 de julio de 2023.
Chris Ealham
Paru dans Historia Social · n.o 110 · 2024 · pp. 51-76
https://recyt.fecyt.es/index.php/HistoriaSocial/issue/view/4657

Extrait traduit

L’objectif principal de cet article est d’analyser la généalogie de l’insurrectionnalisme anarcho-syndicaliste en Espagne , et de l’interpréter dans le contexte de son émergence dans les années qui ont suivi la révolution russe, qui a stimulé l’insurrection ouvrière dans le monde entier.

Il s’agit donc en partie d’une analyse des conséquences de la période dite de « pistolerismo », les années de plomb, avant le coup d’État militaire de 1923. Jusqu’à présent, comme le souligne à juste titre Juan Cristóbal Marinello*, l’historiographie s’est principalement concentrée sur les origines ou les causes des combats de rue armés plutôt que sur leurs conséquences.
D’autre part, je propose que, pour parvenir à une compréhension plus précise et plus détaillée de l’insurrectionnalisme, il soit possible de réévaluer et de démystifier l’histoire du syndicat anarcho-syndicaliste, la Confederación Nacional del Trabajo (CNT), et celle de l’organisation anarchiste, la Federación Anarquista Ibérica (FAI), ainsi que ses relations avec la Seconde République avant la guerre civile. Sans doute, malgré l’importance de l’insurrectionnalisme dans le conflit des années républicaines - et l’attention qu’il a reçue de la part des historiens - l’origine de la politique armée anarchosyndicaliste, objet principal de cet article, a été peu étudiée et sans rigueur suffisante.

En outre, un autre aspect important de ce travail est de revendiquer l’importance d’Alfonso Miguel Martorell** dans la formation de l’idéologie de Juan García Oliver, le leader anarcho-syndicaliste le plus identifié à la voie insurrectionnelle et, pour beaucoup, le créateur de la « gymnastique révolutionnaire ». Comme nous le verrons plus loin, Miguel était le pouvoir stratégique derrière le trône de ce « roi du pistolet ouvrier ». Pour ceux qui connaissent bien son texte autobiographique, García Oliver faisait rarement l’éloge de son entourage, il est donc d’autant plus remarquable que Miguel apparaisse dans le texte comme un ami-compagnon de lutte « de toute confiance », un homme « très cultivé et réfléchi ».
Jusqu’à présent, Miguel n’a été qu’une note de bas de page dans de nombreuses histoires de l’anarcho-syndicalisme, son lien étroit avec García Oliver a été ignoré, tout comme ses écrits. Mon intention ici est de montrer qu’il était un militant qui incarnait et théorisait l’anarcho-bolchevisme que García Oliver exposait depuis les tribunes.

En règle générale, l’orthodoxie historiographique dépeint l’insurrectionnalisme anarcho-syndicaliste comme une attaque armée du mouvement libertaire qui a entravé l’évolution pacifique de la République. Il est incontestablement admis que l’insurrection de janvier 1933 et la répression étatique qui s’en est suivie - en particulier à Casas Viejas - ont accéléré la désintégration du premier gouvernement républicain-socialiste qui, « mortellement blessé et discrédité », selon les termes de Julián Casanova , a été remplacé par une coalition de droite, donnant lieu à ce que l’on appelle le « bienio negro » avec un gouvernement de centre-droit qui a suspendu et attaqué bon nombre des avancées sociales et politiques des années précédentes. Les études généralistes - ainsi que de nombreux travaux de spécialistes de l’anarcho-syndicalisme - ont déformé l’origine de cette politique armée ainsi que le rôle de l’un de ses principaux inspirateurs, l’anarcho-syndicaliste radical García Oliver.

notes :
*Juan Cristóbal Marinello, “Pistolerismo y violencia sindical en Barcelona (1917-1923)”, Barcelona quaderns d’història, 26 (2020), pp. 133-134.
**Sur Alfonso Miguel Martorell : https://sobrelaanarquiayotrostemasii.wordpress.com/2018/12/01/alfonso-miguel-martorell-viday-obra/

C. Ealham.