Nous reprenons la rédaction des biographies de chacun des 117 ex-combattants italiens (anarchistes ou pas) dont le nom se trouve sur la liste « Libertá o Morte » du camp d’Argelès sur Mer, dressée par la police politique italienne le 8 août 1939.
Cela s’inscrit dans le cadre de notre collaboration à la base de données sur le camp de concentration d’Argelès-sur-Mer réalisée par Grégory TUBAN, de Perpignan : http://www.memorial-argeles.eu/fr/
https://www.memorial-argeles.eu/fr/1939/1939-2eme-periode-du-camp-avril-juin-1939/le-camp-des-brigadistes.html
Toutes les notices sont le fruit d’un travail de recherche en collaboration avec Tobia Imperato de Turin et Rolf Dupuy de Paris.
La traduction et la rédaction sont réalisées par Jackie, giménologue.
CHECCHI Luigi
Luigi CHECCHI, fils d’Adolfo et Mandri Erminia, naît le 28 décembre 1901 à Bologne. Il est menuisier et anarchiste.
Il émigre en 1931 à Casablanca au Maroc qu’il quitte le 6 septembre 1936 avec d’autres volontaires italiens pour s’engager dans la Section italienne constituée grâce à l’organisation Giustizià e Libertà de Carlo Rosselli et à Camillo Berneri. Cette Section était rattachée à la colonne Ascaso de la CNT-FAI depuis août 1936.
Une autre source, une note du chef de la Division de la police politique du 5 février 1937, signale la sortie de Casablanca en janvier 1937 de cinq antifascistes, tous destinés à rejoindre la Section italienne : Lebo Piagnoli, Luigi Checchi, Raffaele Catti, Natalino Matteucci et Amedeo Angelini. Selon la même note : « Avant de partir, ils ont été convoqués par le consulat d’Espagne (Rouge) qui les a incités à signer une déclaration de renonciation à leur citoyenneté italienne ».
Checchi est inscrit au Bollettino delle Ricerche (Bulletin des recherches) et à la Rubrica di Frontiera (Registre des frontières).
On retrouve son nom dans le Gruppo « Pisacane » qui comprenait : G. Burzio, R. Baldinelli, A. Bucchioni, M. Bonacci, L. Boldi, R. Barrotto, S. Casale, C. Castagna, C. Carta, L. Chicchi [sic], R. Catti, A. Cieri, R. Bruni, U. Consiglio, T. Aiacci, T. Agostini, M. Agrave, R. Cavallina. »
Comme signalé dans cet autre de nos articles en 2010 :
https://gimenologues.org/spip.php?article422
À la suite des événements de Barcelone de mai 37 opposant le gouvernement autonome catalan (Generalitat) aux anarchistes soutenus par le POUM, et dans la répression gouvernementale qui s’ensuit, Checchi est dénoncé comme membre de la FAI et se retrouve contraint de fuir. Arrêté à la frontière française il est emprisonné pendant un mois à Perpignan. Innocenté, il retourne en Espagne jusqu’au retrait des volontaires étrangers.
Après avoir quitté l’Espagne en février 1939, il est interné à Argelès, où il rejoint le groupe libertaire Libertà o morte, puis il est interné à Gurs. Il s’évade et retourne à Casablanca. En 1942, il est toujours à l’étranger. Nous n’avons pas d’autres nouvelles de lui.
Au vu de la notice biographique du Maitron sur Pio TURRONI, peut-être que Checchi a pris un bateau pour les Amériques :
« Pio Turroni avait côtoyé et connaissait les membres des noyaux anarchistes existant en Algérie et au Maroc, ce qui devait permettre aux rescapés de Giustizià e Libertà d’arriver à Casablanca, seule enclave “ libre” à partir de laquelle on pouvait encore embarquer. Le navire portugais Serpa Pinto effectuait deux voyages par an en Amérique au départ de Casablanca, le voyage était organisé à l’initiative de la Croix-Rouge Internationale de Genève et battait pavillon neutre. "
Additifs :
Nous écrivions en 2009 dans cet article : https://gimenologues.org/spip.php?article389
« Dans le livre de Mimmo Franzinelli (p. 652), on trouve un des membres de la liste, le nommé CHECCHI Luigi (nom de code : Chegi), parmi les confidenti de l’OVRA [L’Organisation de Vigilance et de Répression de l’Antifascisme, créée en 1927]. Il est né à Asmara le 28 avril 1903. Ouvrier, domicilé à Rome. Mais il peut s’agir d’un homonyme… ».
Nous confirmons : il s’agit bien d’un homonyme…
Et juste après dans cet autre passage :
« Un CECCHI Luigi apparaît dans la biographie de VEZZULLI Giovanni (orthographié aussi VESULI) :
« Arrêté le 8 octobre 1937 avec Luigi CECCHI pour absence de papiers d’identités. Source : Le Libertaire, 4, 11 novembre, 16 décembre 1937, rapport signé SAID (sans doute Mohamed Sail) »
Par contre ici il s’agit bien ici de Luigi Checchi.
Sources :
Note du CPC (Voir le document original joint) :
« Checchi Luigi fils d’ Aldolfo, né le 28/12/1901 à Bologne
Menuisier, Communiste La Préfecture de Bologne complète le formulaire avec les données précédentes, et ajoute « actuellement en Espagne aux côtés des milices rouges ». Il n’est pas combattant. Communiste... Le 6 septembre 1936, il quitte Casablanca pour l’Espagne avec un noyau de volontaires communistes. On a appris récemment que Checchi, enrôlé dans la milice rouge, se trouve à Barcelone » (Fiche biog. Preft. Bologne, 29/3/37).
En provenance de Casablanca
Inscrit à la B.R et F.R ».
« Colonne italienne "ROSSELLI" (citée par Rabitti)
Le 23 juin 1938, on trouve la notice textuelle suivante : "L’Honorable Ministère nous a informé que, selon des nouvelles confidences, à la suite du mouvement anarchiste de Barcelone, Checchi a été dénoncé comme sympathisant de la FAI et expulsé de Catalogne". Arrivé à la frontière française, il a été arrêté et emprisonné à Perpignan et détenu pendant un mois. Checchi aurait été ensuite réhabilité et de nouveau renvoyé à Barcelone où il se trouverait ".
200 francs ont été confisqués à la famille de Checchi parce qu’ils provenaient du "secours rouge".
En 42, il se trouve à l’étranger ».
http://www.antifascistispagna.it/?page_id=1843&ricerca=2286
http://www.antifascistispagna.it/?page_id=758&ricerca=1216
www.iperbole.bologna.it/iperbole/isrebo/strumenti/C4.pdf. Dizionario Biografico Gli antifascisti, i partigiani e le vittime del fascismo nel bolognese (1919-1945),a cura di A. Albertazzi, L. Arbizzani, N. S. Onofri.
La Spagna nel nostro cuore 1936-1939 Tre anni di storia da non dimenticare, AICVAS, Roma, 1996, p.134-135.
Alvaro López, a cura di, La Colonna Italiana, AICVAS, Quaderno n. 5, Roma, 1985, p.17. http://www.antifascistispagna.it/wp-content/uploads/2016/10/Q5-Colonna-Italiana.pdf
Luigi Arbizzani, Antifascisti emiliani e romagnoli in Spagna e nella Resistenza. I volontari della Repubblica di San Marino, Collaborazione di Cesarino Volta e Antonio Zambonelli, Vangelista, Milano, 1980, p.57
Enrico Acciai, Viaggio attraverso l’antifascismo. Volontariato internazionale e guerra civile spagnola : la Sezione Italiana della Colonna Ascaso, Tesi di dottorato di ricerca, Università degli Studi della Tuscia (rel. Leonardo Rapone), s. d. [2010].
Les Giménologues, 7 septembre 2024.