Traduction d’un article de IMANOL paru sur le site d’information El Salto Diario :
https://www.elsaltodiario.com/ni-cautivos-ni-desarmados/participacion-libertarias-espanolas-resistencia-francesa
La participation des femmes libertaires espagnoles à la Résistance française
Un regard plus approfondi sur la participation des femmes anarchistes espagnoles dans leur lutte contre l’occupation et le nazisme en France.
On lira avec profit l’article précédent d’IMANOL : https://www.elsaltodiario.com/ni-cautivos-ni-desarmados/la-participacion-de-las-mujeres-en-las-redes-de-evasion-aliadas
les Giménologues 6 avril 2023
Femmes libertaires espagnoles dans la Résistance française Femmes libertaires espagnoles dans la Résistance française
mercredi 5 avril 2023, par Pascual
La participation des femmes libertaires espagnoles à la Résistance française
Un regard plus approfondi sur la participation des femmes anarchistes espagnoles dans leur lutte contre l’occupation et le nazisme en France.
Salutations à ceux qui nous lisent. Je ne savais pas trop quel article choisir pour ce mois-ci, mais profitant du fait que la rivière Pisuerga passe par Valladolid et que le 8 mars était un mercredi, j’ai finalement choisi un article qui me trottait dans la tête depuis longtemps. Il y a environ trois ans, j’ai écrit sur le rôle des femmes espagnoles dans les réseaux d’évasion français (https://www.elsaltodiario.com/ni-cautivos-ni-desarmados/la-participacion-de-las-mujeres-en-las-redes-de-evasion-aliadas).
Aujourd’hui, je souhaite donc ajouter des informations sur la participation des femmes dans le pays voisin. Comme la plupart des membres des réseaux sont mentionnés dans cet article, le sujet à traiter sera l’action des femmes libertaires dans la résistance française.
Foto : Ana Delso, lors de son travail de liaison en 1944
Afin de ne pas alourdir le texte, je me concentrerai sur les anarchistes et laisserai les socialistes, communistes, républicains, nationalistes, etc. pour un autre article, car il ne sert à rien d’ennuyer les gens.
Comme vous le savez, ce blog/projet essaie, dans la mesure du possible, en plus de sauver la mémoire libertaire, de plonger un peu plus profondément et de récupérer la contribution beaucoup plus silencieuse des femmes anarchistes. En général et malheureusement, il est beaucoup plus difficile de découvrir et de rassembler des données à leur sujet.
Aujourd’hui, Ni captivos ni desarmados (Ni captif ni désarmés) te suit, femme qui se bat, et se concentre sur les femmes libertaires espagnoles qui ont participé à la résistance contre les nazis. Chaussez vos bottes, car l’histoire à suivre est intéressante, et c’est une bonne route !
Je ne vais pas vous reparler du passage à l’exil, des camps, des compagnies de travail et de tout le reste. A toutes les épreuves que les hommes ont traversées, elles ajouterèrent la survie des enfants dont elles ont la charge, et les éternels abus sexuels masculins. Elles n’ont pas cédé, même si elles ont parfois été rabaissés par leurs propres compagnons, elles ont gardé la tête haute lorsque la répression s’est accrue et que les choses ont empiré, et bien sûr, elles ont rejoint la lutte.
Je vais vous donner un bref aperçu de la vie de ces femmes exemplaires. Voici une courte liste de celles que j’ai pu retrouver, ce qui signifie qu’il y en a eu beaucoup, beaucoup plus. Comme vous pouvez l’imaginer, l’histoire de leur vie ne tient pas dans les 3 ou 4 lignes que je leur consacre. Heureusement, vous pouvez trouver des informations sur la plupart d’entre elles en ligne ou sur papier. Passons aux choses sérieuses :
Ascensión Alguacil Pascual est née à Saragosse mais a rapidement émigré à Barcelone. Elle y fut ouvrière textile et adhéra à la FIJL (Fédération ibériques des jeunesses libertaires). Pendant son exil, elle participa à la résistance en Dordogne en tant qu’agent de liaison. Elle est décédée en France en 1986.
Sara Berenguer Laosa est née à Barcelone en 1919. Travaillant dès l’âge de 12 ans, les hommes ont essayé de lui faire comprendre qui était le chef, mais elle a résisté. Membre de JJLL, Mujeres Libres et SIA. Elle a participé à la résistance dans l’Aude. Décédée en exil en 2010.
Foto : La libertaire Sara Berenguer a été active dans la résistance
Juliana Berrocal Martín est originaire de Salamanque, née en 1925. Comme son compagnon, elle a participé activement à la résistance dans la ville de Bordeaux.
Ana Camello García « Ana Delso » est née à Andújar (Jaén) en 1922. Elle a milité au sein de la CNT, de Mujeres Libres, de la FIJL et plus tard du SIA. En 1944, elle rejoint la Résistance dans l’Isère. Décédé en 2020 à Montréal (Canada).
Braulia Cánovas Mulero « Monique » de Alhama de Murcia, née en 1920. Entrée dans la Résistance en 1942/43, elle est arrêtée à Perpignan le 9-5-1943. En février 1944, elle est déportée en Allemagne et subit les camps de Ravensbrück et de Bergen-Belsen, dont elle réussit à s’échapper vivante. Elle est décédée en 1993 à Barcelone.
Eva Cascante « Dolores », dont je sais seulement qu’elle était une amie proche d’Ada Martí et qu’elle était membre de la Résistance dans la région de Bordeaux.
Engracia Ciprés était originaire d’Aguaviva (Teruel). Elle était infirmière pendant la guerre civile et a participé à la lutte contre les nazis dans la région pyrénéenne de l’Ariège. Elle est morte en exil français en 1984.
Soledad Cortés Cubeles, née à Mazaleón (Teruel) en 1916. Membre de la CNT et collectiviste pendant la guerre. Entre dans la Résistance en 1943 dans l’Oise. Arrêtée la même année et déportée en Allemagne en 1944. Elle survit à Ravensbrück et meurt à Paris en 1966.
Josefa Estruch Pons « Pepita Carnicer » est originaire de Copons (Barcelone) et est née en 1920. Elle était membre de la CNT et active au sein de la FIJL et de Mujeres Libres. Elle a participé à la Résistance entre 1942 et 1944 dans la région de Chartres. Elle est décédée à Paris en 2011.
Julia Hermosilla Sagredo, biscayenne de Sestao, née en 1916. Elle adhère à la CNT à l’âge de 14 ans et, peu après, à la FIJL. Milicienne sur le front nord pendant la guerre. En France, active dans la Résistance dans l’Aveyron. Elle collabora à la guérilla antifranquiste et à deux tentatives d’assassinat de Franco. Elle est décédée à Hendaye en 2009.
Lola Iturbe Arizcuren est née à Barcelone en 1902. Couturière dès l’âge de 9 ans et membre de la CNT dès l’âge de 15 ans, elle est écrivain, éditrice et active au sein de Mujeres Libres. Elle a participé à la Résistance dans la région de Montpellier. Décédée à Gijón en 1990.
Dolores Jiménez Álvarez « Blanca » est née à Abejuela (Teruel) en 1918. À l’âge de 11 ans, elle travaillait déjà à Barcelone et, peu après, elle s’est engagée dans l’anarchisme. Membre de la milice de la colonne Durruti. Elle participe au maquis de Cordes, dans le Tarn. Très active avec son compagnon Teófilo Navarro, également dans la lutte antifranquiste, collaborant avec les groupes Sabaté et Facerías. Elle est décédée à Toulouse, sans que j’en connaisse la date.
Concha Liaño Gil, née à Epinay-sur-Seine en 1916. Émigrée à Barcelone, elle rejoint la FIJL à l’âge de 15 ans. Militante féministe et membre de Mujeres Libres. A participé à la Résistance à Bordeaux. Décédée à Caracas (Venezuela) en 2014.
María Lozano Molina, née à Saragosse en 1914. Je lui ai déjà consacré un article il y a quelque temps dans la section « Mujeres de armas tomar » (fFemmes qui ont pris les armes) (https://www.elsaltodiario.com/ni-cautivos-ni-desarmados/maria-lozano-molina-poetisa-militante-y-mujer-de-armas-tomar). Issue d’une famille libertaire, elle était déjà membre de « la Idea" » à l’âge de 15 ans. Elle a combattu les rebelles dans les rues de Saragosse et a ensuite rejoint la colonne Durruti. Une fois en exil, elle rejoint le maquis de Grenade, près de Toulouse. Sa maison a toujours été un refuge pour ses camarades, de « Quico » Sabaté à Salvador Puig Antich. Elle est décédé dans ce pays voisin en 2000.
Foto : María Lozano a souffert et s’est battue pendant deux guerres. Elle a survécu et n’a jamais abandonné
Teresa Margalef Beltrán est née à Benifallet (Tarragone) en 1904. Issue d’une famille libertaire et amie proche d’Emilienne Morin, la compagne de Durruti. Elle a combattu dans la Résistance, mais je ne sais pas où et avec quel groupe. Elle est décédée à Paris en 1999.
Dolors Molist Colom « Lola de cal Vetes » née à Manresa (Barcelone) en 1917. Dès l’âge de 12 ans, elle travaille dans l’industrie textile. En 1935, elle rejoint la CNT. Elle a combattu avec son compagnon dans la Résistance française dans le département de l’Ariège. Elle est décédée à Manresa en 2017.
Foto : Dolors Molist et son compagnon dans les Pyrénées, tous deux ont fait partie de la Résistance
Rosa Riba est l’exemple parfait de la femme inconnue que l’on rencontre trop souvent. Son compagnon (Casto Ballesta) était un militant qui s’est fait un nom en combattant, et à mesure que son nom grandissait, le sien s’effaçait. Je ne connais pas son deuxième nom de famille, son lieu et sa date de naissance et de décès, bref, je ne sais presque rien d’elle. Ce que l’on sait, c’est qu’elle a été très active dans divers groupes du maquis à Limoges et dans les environs, du début de l’année 1942 jusqu’à la libération.
Ester Rodríguez est née à Barcelone en 1918 dans une famille anarcho-syndicaliste. Elle a été milicienne pendant la guerre, oratrice et conférencière. Après s’être évadée du camp du Barcarès, elle entre dans la Résistance comme saboteur. Arrêtée par la Gestapo, elle est déportée en Allemagne et assassinée à Mauthausen en 1945.
Montserrat Ruiz Ortiz « Montse » est une autre parfaite inconnue. Tout ce que je sais d’elle, c’est qu’elle a participé aux groupes de résistance du Barrage de l’Aigle (Cantal) et qu’elle a ensuite rejoint le Bataillon Didier, comme beaucoup de libertaires espagnols. Grâce à Alain Aubignac, j’apprends que Montserrat est née à Carthagène en 1909.
Juana Sánchez Martínez est née à Lorca (Murcie). Je ne connais pas son parcours mais je sais que sa famille a émigré à Lyon. Elle faisait partie du groupe artistique « La Barraca », dont certains membres ont agi dans la Résistance de la ville. Je ne sais pas si elle a suivi les traces de son frère Juan « el Pelao », qui a ensuite rejoint le groupe de Laureano Cerrada, Resistencia Regional Norte París (Résistance régionale nord de Paris).
Inés Seguí, une autre inconnue. Nous connaissons son nom grâce à une interview que j’ai réalisée avec Elsa Osaba à Madrid. Tout ce que je peux dire, c’est qu’elle a participé à la Résistance à Lyon-Villeurbanne et qu’elle était peut-être aussi membre du groupe « La Barraca ».
Nous terminons cette première liste avec Mercedes Valdaura, mais nous manquons encore d’informations. La seule chose que nous savons de Mercedes est qu’elle était déléguée de l’ACUN (Union nationale) du département du Tarn et Garonne à la session plénière de cette organisation qui s’est tenue à Toulouse en septembre 1944.
Ce n’est qu’une première approche des femmes de la Résistance. J’imagine qu’au fur et à mesure que j’y consacrerai plus de temps, d’autres apparaîtront. Pour toute contribution ou correction, veuillez écrire à nicautivosnidesarmados@gmail.com.
Sources : Enciclopedia del anarquismo ibérico (Miguel Íñiguez), Y ahora, volved a vuestras casas (Evelyn Mesquida), El Éxodo. Passion et mort des Espagnols en exil (Federica Montseny), Solidaridad Obrera nº 17 (ACUN), archives de Miguel Sans, entretien avec Elsa Osaba,
https://connombreyapellidos.es/victima/cortes-cubeles-soledad/, https://militants-anarchistes.info/, https://nordestllibertari.blogspot.com/2021/02/dolors-molist-i-colom.html, https://www.xaintrie-passions.com/les-républicains-espagnols-du-barrage-de-l-aigle/et archives personnelles.
Imanol
Sur Juana Sanchez Et Inés Seguí voir
http://gimenologues.org/spip.php?article1034