Nous reprenons la rédaction des biographies de chacun des 117 ex combattants italiens (anarchistes ou pas) dont le nom se trouve sur la liste « Libertá o Morte » du camp d’Argelès sur Mer, dressée par la police politique italienne le 8 août 1939.
Cela s’inscrit dans le cadre de notre collaboration à la base de données sur le camp de concentration d’Argelès-sur-Mer, réalisée par Grégory TUBAN, de Perpignan : http://www.memorial-argeles.eu/fr
https://www.memorial-argeles.eu/fr/1939/1939-2eme-periode-du-camp-avril-juin-1939/le-camp-des-brigadistes.html
Toutes les notices sont le fruit d’un travail de recherche en collaboration avec Tobia Imperato de Turin et Rolf Dupuy de Paris.

La traduction et la rédaction sont réalisées par Jackie, giménologue.

CLERICO LIBERATO

Liberato CLERICO fils de Tommaso et de Crivello Teresa, est né à Villastellone (Turin), le 18 janvier 1889. C’est un anarchiste. Il est commerçant et tient un café-bar à Villastellone.
On ne sait pas s’il a participé à la Première guerre mondiale. Il s’expatrie en France au début de 1933, et après une très courte période à Nice, il quitte la Côte d’Azur pour émigrer en Espagne.
Après s’être installé à Barcelone, il prend la gérance du Bar Mexico, au 204 rue Francisco Layret. Il proclame publiquement des idées antifascistes très claires, de sorte que le bar devient rapidement une attraction et un lieu de rencontre pour de nombreux subversifs, dont beaucoup sont des exilés italiens. En particulier dans les années 1935-36, une propagande intense est menée dans le « club » dénonce l’agression du fascisme italien contre l’Ethiopie.
Clerico partage son existence avec une jolie petite amie de couleur (peut-être d’Amérique centrale ou du Sud), ce qui, compte tenu de l’intense propagande antifasciste menée dans le club, n’échappe pas à l’attention des informateurs du consulat Royal d’Italie à Barcelone. Certaines sources font également état d’un séjour de Clerico aux États-Unis, bien que l’on ne sache pas exactement quand cela a pu se produire. Les sources parlent de son arrivée en Espagne en août 1936, en provenance des Etats-Unis. Ceci est en contradiction avec sa présence avérée à Barcelone dès fin 1933 mais aussi avec sa gestion attestée du Bar Mexico (également confirmée par un document du Ministère de l’Intérieur - Division de la Police Politique daté de janvier 1934).
Quoi qu’il en soit, à l’été 1936, il s’inscrit comme volontaire dans la milice de la CNT-FAI et rejoint le groupe italien Rosselli, qui fait partie d’une grande unité anarcho-syndicaliste, la Colonne Ascaso, engagée sur le front d’Aragon. Quelques mois plus tard, après l’achèvement de la militarisation de la milice, il rejoint la 28ème Division de l’Ejercito de Tierra, également engagée sur le front d’Aragon.
Il quitte l’Espagne au début de 1939, lors la Retirada. Interné dans le camp d’Argelès-sur-Mer, Il adhère au groupe Liberta o Morte. Transféré ensuite dans le camp de Gurs il s’en échappe et traverse clandestinement les Pyrénées pour tenter de regagner l’Espagne. Quel que soit son objectif, peut-être comme d’autres volontaires pour rejoindre et ramener en France leurs épouses, petites amies ou fiancées qui ne pouvaient pas entrer en France en février 1939, sa tentative échoue. Il est capturé par les franquistes et se voit remis aux fascistes italiens, puis rapatrié de force en 1941.
Détenu à Turin, il doit faire face au jugement de la Commission provinciale de Turin pour les internements de police, qui le condamne à cinq ans d’internement à Castelli di Teramo. La peine est commuée en avertissement au début du mois de mars 1943. Aucune autre nouvelle de i concernant la guerre et l’après-guerre. Clerico meurt à Turin le 10 octobre 1959.

Sources :
http://www.antifascistispagna.it/?page_id=758&ricerca=1279

Les gimenologues 7 février 2022