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Les Gimenologues
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Modelo 77

Nous signalons la sortie d’un film sur la révolte de la COPEL à la Modelo de Barcelone
Date octobre 2022

Voir le texte de présentation de Daniel PONT traduit en français ci-dessous :

https://www.pikaramagazine.com/2022/10/modelo77-cuenta-lo-que-los-medios-ocultan/?utm_campaign=goya-colaboradoras&utm_medium=email&utm_source=acumbamail

On trouvera aussi sur le meme site : ¿Por qué no había mujeres en la COPEL ?
https://www.pikaramagazine.com/2022/09/por-que-no-habia-mujeres-en-la-copel/

Nous ajoutons cette affiche pour faire connaitre cet

appel à la solidarité avec Sara ESTRADA QUESADA

actuellement en prison à Avila

Les Giménologues, 13 février 2023

‘Modelo77’ cuenta lo que los medios ocultan
Daniel Pont
05/10/2022

Je me présente : je suis Daniel Pont, survivant de la Coordinadora de Presos Sociales en Lucha (COPEL) et l’un de ses fondateurs en novembre 1976 dans la prison ignominieusement disparue de Carabanchel à Madrid.

Après avoir assisté à l’ouverture du festival international du film de Saint-Sébastien, Zinemaldia, avec la présentation hors compétition du film Modelo 77, mon évaluation personnelle est que le réalisateur, Alberto Rodríguez, et toute l’équipe ont réalisé un film documentaire historique plein de rigueur, honnête, avec d’excellentes performances des acteurs. Un film nécessaire pour briser le mur du silence mondial que l’histoire unique résultant d’une situation politique plus que discutable a imposé sur la légitimité de la lutte intense que nous, prisonniers sociaux (pas communs... ou y a-t-il des prisonniers spéciaux ?) avons maintenue ; des revendications que certains médias actuels ignorent ou manipulent.La

La COPEL a mené une lutte intense d’environ deux ans et demi, d’abord pacifique puis violente, contre nous-mêmes et la prison misérable qui nous étouffait. Jamais contre les agents pénitentiaires, bien qu’ils aient montré des signes de violence avec la mort par torture d’Agustín Rueda Sierra (Carabanchel 1978) et les mauvais traitements systématiques infligés à d’autres membres de la COPEL dans la prison de haute sécurité de Herrera de la Mancha (1979), lors de la première action populaire pour demander justice.

Ces derniers jours, les médias ont critiqué le modèle 77 en général de manière élogieuse et respectueuse, tout en minimisant dans de nombreux cas le contenu des demandes des prisonniers. La COPEL a demandé à être inclus dans la loi d’amnistie pour des raisons légitimes, politiques, sociales et juridiques, pour avoir subi les conséquences d’une dictature franquiste cruelle par la dureté de ses prisons et de ses lois. Mais leurs revendications portaient aussi sur la disparition des lois spéciales (loi de dangerosité sociale, justice militaire, etc.) ; la réforme en profondeur du Code pénal ; l’épuration des juges, des gardiens de prison et des policiers franquistes, etc.

La COPEL était un organe de coordination dont la fonction initiale était de sensibiliser les détenus et de diffuser les revendications collectives susmentionnées. Elle a toujours essayé de fonctionner de manière horizontale et par assemblage, jamais de manière pyramidale ou hiérarchique. Il ne s’agissait donc pas d’un syndicat ou d’une coopérative comme le prétendent certains médias, peut-être en raison de leur incapacité à comprendre qu’il existe d’autres formes d’organisation sociale qui ne sont pas hiérarchiques ou soumises.

De toute évidence, il n’y a jamais eu de numéro un, ni de lieutenant, comme certains anciens détenus et les médias l’ont répandu, probablement dans une intention sensationnaliste de vendre "le produit".

Sur Internet, il existe deux références fondamentales pour comprendre ce qu’était La COPEL : la thèse de César Lorenzo RUBIO : Cárceles en llamas : el movimiento de presos sociales en la transición, éditée et publiée par la maison d’édition Virus de Barcelone, qui est le résultat de six années de recherche de l’historien César Lorenzo Rubio. Et le documentaire "COPEL : una historia de rebeldía y dignidad", présenté en octobre 2017 et réalisé par des prisonniers, des comités de soutien et des individus solidaires de la COPEL. Il peut être consulté gratuitement sur l’internet.

Après avoir dit tout cela, je vais résumer. Comme vous pouvez le constater, il existe une documentation librement accessible sur l’histoire de la COPEL. Cela montre que, dans ce cas, ce qui a été publié par certains médias avec des informations partielles, erronées ou résolument biaisées révèle le manque de zèle journalistique de leurs auteurs. Heureusement, l’équipe de production de Modelo 77 a eu le courage de raconter honnêtement l’histoire de la COPEL, dans ces années turbulentes, avec une acceptation publique plus que notable.

La situation dans les prisons de l’époque n’a pas grand-chose à envier à celle d’aujourd’hui, où les décès en prison se succèdent en permanence, l’isolement cruel et prolongé et la médicalisation excessive des détenus créent une situation alarmante, où, une fois encore, la société détourne le regard.

La thèse de Rubio est téléchargeable ici : https://www.viruseditorial.net/paginas/pdf.php?pdf=carceles-en-llamas.pdf