Nous reprenons la rédaction des biographies de chacun des 117 ex-combattants italiens (anarchistes ou pas) dont le nom se trouve sur la liste « Libertá o Morte » du camp d’Argelès sur Mer, dressée par la police politique italienne le 8 août 1939.
Cela s’inscrit dans le cadre de notre collaboration à la base de données sur le camp de concentration d’Argelès-sur-Mer réalisée par Grégory TUBAN, de Perpignan : http://www.memorial-argeles.eu/fr/
https://www.memorial-argeles.eu/fr/1939/1939-2eme-periode-du-camp-avril-juin-1939/le-camp-des-brigadistes.html
Toutes les notices sont le fruit d’un travail de recherche en collaboration avec Tobia Imperato de Turin et Rolf Dupuy de Paris.
La traduction et la rédaction sont réalisées par Jackie, giménologue.
Enrico CRESPI fils de Giovanni et Boero Antonia, est né le 30 mars 1891 à Gênes. Il est ouvrier braseur. Il n’a suivi que l’Ecole Elémentaire, ce qui ne l’a pas empêché d’acquérir une bonne culture. Très jeune, il fréquente les milieux subversifs et révolutionnaires. Appelé sous les drapeaux pendant la Première Guerre mondiale, il est traduit en justice en mai 1916 pour insubordination grave et condamné à dix-sept ans de prison.
Libéré suite à l’amnistie promulguée à la fin de la guerre, il commence à militer dans les organisations socialistes, puis à partir de 1921 au Parti communiste qui venait de se constituer. En octobre 1926, il subit une perquisition au cours de laquelle la police trouve des « journaux et opuscules révolutionnaires ». Il aurait participé aux émeutes de 1927. En juin 1928 il s’expatrie clandestinement en France et s’installe à Clermont-Ferrand. Il travaille comme mécanicien et continue son militantisme antifasciste.
En 1929, il est exclu du PCI en tant que « bordiguiste ». En fait il s’est rallié aux idées anarchistes après être entré en contact avec le groupe d’anarchistes italiens de Marseille, et il a noué une amitié avec le militant gênois Carlo Bacigalupo.
En avril 1932 il est condamné par contumace à six mois de prison et deux ans de liberté surveillée. Il est possible qu’il soit à cette époque en Espagne. Selon le consulat fasciste italien de Lyon, il aurait activement participé aux grèves et manifestations de juin 1936 à Clermont-Ferrand.
Dès le début de la guerre civile en Espagne, il s’occupe de l’enrôlement des volontaires et part à Barcelone. Milicien dans la section italienne de la Colonne Ascaso, il participe comme lieutenant d’artillerie aux combats de Huesca et d’Almudevar où il est blessé.
Il participe avec les anarchistes et des membres au POUM au soulèvement de Barcelone du 3 au 7 mai 1937 contre le gouvernement autonome catalan, au cours duquel Camillo Berneri est assassiné. Pendant la répression qui a suivi , il est emprisonné à La Modelo avec d’autres anarchistes italiens.*
Quelques jours avant la chute de Barcelone, le 26 janvier 1939, il est libéré et s’échappe vers la frontière française.
En France il est interné au camp d’Argelès-sur-Mer où il rejoint le groupe libertaire Libertà o morte, puis au camp de Saint-Cyprien et enfin à celui de Gurs en mai 1939.
Crespi fut aussi interné au fort de Collioure : son nom apparaît dans la lettre de Mario Giudice « La vie des prisonniers espagnols du Fort de Collioure » publiée dans L’Espagne Indomptée des 7-8-9 1939 : « Le jour où je suis sorti du camp, il y a sept compagnons qui faisaient encore la grève de la faim. Leurs noms sont : Sergio SABATINE, Enrico CRESPI, Giovanni ZAZZU, Ludovico SESTAN, Billa SECUNDO (un socialiste) et les camarades bulgares Nicolas VELKOS et GEORGIEFF. » (http://gimenologues.org/spip.php?article808).
Pendant l’Occupation en 1942, Crespi s’évade du camp et il rejoint le maquis et la Résistance.
À la Libération il retourne à Clermont-Ferrand et en 1948, il s’installe à Gênes. Il continue à militer dans le mouvement anarchiste et à soutenir la presse libertaire jusqu’à son décès survenu le 24 novembre 1973.
Sources :
http://militants-anarchistes.info/spip.php?article5976#
https://www.bfscollezionidigitali.org/entita/13949-crespi-enrico?i=3
* Liste des dix-neuf volontaires étrangers dont dix Italiens présents dans la prison Modelo de Barcelone le 10 novembre 1937. [source CDMH PS, Barcelona, 806]
Doc joint